Honneur Respect pour AZOR
DR LARGE FRANTZ
Au nom de maître Amil Roland Zenny président de la chambre de commerce du sud est et du secteur prive de ce département, j'adresse mes plus profondes sympathies a la famille aux proches et aux millions d'admirateurs de Lenord Fortune alias AzorA Jacmel, nous ne sommes pas prêt d'oublier le tambour puissant, ni la voix qui semblait issue des entrailles de la Terre, des entrailles des dieux tutélaires de la Race et de la Patrie , qui, le jour du Carnaval National, firent trembler les rues de notre ville. Non, nous ne sommes pas prêts d’oublier le message rauque, venu en droite ligne des batteries de canon de nos héros, qui, par delà les frontières de notre pays, aura exprimé, en ces temps de déchéance que nous vivons, de manière quasi unique, a la fois la magie de notre histoire et l’étourdissante beauté de notre culture !Gloire et Honneur a Toi o digne successeur des preux qui nous ont donné une Patrie !Au Panthéon ou tu rejoins les Dessalines les Magloire Ambroise les Cangé mais aussi les Ti Paris les Célestin Faustin et d’autres héros, tu gouttes désormais à l'immortalité
Ce lundi 18 juillet 2011
Docteur Frantz Large1er vice président de la CCIPSEH
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Soirée hommage à Azor
ce mercredi 20 juillet à 19h
au centre culturel La Perle trouvée
(Crémazie Est et 20e Avenue).
Organisée par Taino L (Roxanne Ledan)
en collaboration avec Maguy Métellus.
Infos : 514-802-4041 ou 514 757 2775
Haïti - Culture : Azor n'est plus...
17/07/2011 08:39:22
Hier soir, Lénord Fortuné « Azor », chanteur et tambourineur du groupe Racine Mapou de Azor a rendu l'âme à l’hôpital Bernard Mevs après avoir effectué un spectacle dans le cadre des festivités de la fête de Mont Carmel.
« J'ai le tambour dans l'âme et la musique dans les entrailles » dixit Azor.
Le groupe « Racine Mapou de Azor » était dirigé par Lénord Fortuné « Azor », chanteur et tambourineur qui a appartenu à de nombreuses formations de konpa (dont SS One et Scorpio) ou de folklore (troupe Bakoulou), avant de faire partie du groupe « Racine Kanga de Wawa ». Dans les années 90, porté par le mouvement racine, ce groupe, mené par Jacques Maurice Fortéré, « Wawa » a entrepris de jouer la musique vodou en concert : avec lui, il est passée directement du hounfort (temple vodou) à la scène.
Le succès rencontré par le groupe « Racine Mapou de Azor » signifie la normalisation du vodou, à travers sa musique, sa reconnaissance en tant que culture, et l’acceptation de la part africaine et paysanne de l’identité haïtienne.
Dans cette optique, les membres du groupe, qui reconnaissent tous être des vodouisants pratiquants, s’inscrivent explicitement dans la tradition et l’univers symbolique vodou, auquel le nom du groupe fait référence. Ils aspirent à maintenir le contact avec les racines de la tradition et du sacré, à l’image du mapou, arbre sacré du vodou aux racines imposantes, réputé héberger des esprits.
Musicalement, avec chants et percussions, tambours basses et congas, le groupe « Racine Mapou de Azor » interprète la musique traditionnelle ou racine pure, c’est-à-dire sans arrangements modernes ni instruments électriques. Marquée par le battement inlassable des tambours d’inspiration petro, à peine soutenus par une boîte à rythme, la voix puissante d’Azor, au timbre caractéristique des prêtres-vodou, secondée par un chœur de femmes, célèbre les loas vodou, chante l’attachement aux racines ou commente les épisodes de la vie politique et autres querelles artistiques...
http://www.youtube.com/watch?v=IzLWzI48s0w
Après plusieurs tournées à l'étranger (dont neuf voyages au Japon) et un film documentaire (Haïti, cœur battant de Carl Lafontant), le groupe « Racine Mapou de Azor » a réussit le pari de conserver l'authenticité de la musique traditionnelle, tout en recourant aux moyens modernes de diffusion, qui permettent de l’inscrire sur la scène musicale professionnelle d’Haïti, et de rivaliser avec les musiques qui occupent d’ordinaire l’actualité.
Aujourd'hui Haïti a perdu un grand artiste.
HL/ HaïtiLibre
HISTORIQUE DE LA RELIGION VAUDOU EN HAÏTI.
Par JEAN AUDAN CATEL 1-Origine historique et légendaire des croyances vaudou en Haïti.
L'origine historique du vaudou constitue la référence la plus retenue par nos intellectuels, essayistes, écrivains et romanciers. De ce fait, nous appelons origine historique le processus événementiel qui explique la présence des croyances religieuses en Haïti depuis l'époque de Saint-Domingue. Il s'agit d'une histoire écrite totalement inconnue par la majorité des vaudouisants qui sont analphabètes, mais détenteurs d'une culture orale.
Les chroniqueurs et voyageurs de Saint-Domingue n'ont décrit de cette histoire que quelques aspects généraux des croyances des esclaves sans toutefois donner des détails précis sur le mouvement de ces derniers dans les plantations 8. Cette histoire livre aussi la manière dont le vaudou s'est cristallisé à partir d'une certaine prise de conscience de la part des esclaves pour se libérer du joug colonial.
Avant 1791, le vaudou était identifié au rite de la couleuvre des Arada et au rite Pétro. Mais cette représentation ne traduit pas l'origine réelle du vaudou car pour les vaudouisants, cette origine est mythologique et légendaire. Selon la légende, aux temps primordiaux, Grand-mèt-la vivait avec les "loas 9" à qui il enseigna beaucoup de choses. Chaque "loa" reçut un savoir précis et propre au domaine qu'il devrait par la suite contrôler.
Nantis de ces connaissances, certains d'entre eux descendirent sur terre pour transmettre aux hommes les principes de gestion de la vie et tout ce qui existait selon l'image du monde originel. Toutes ses représentations venant de l'invisible, la société institua des catégories professionnelles dont les membres étaient chargés de la communication avec l'invisible.
Les divins constituaient donc la catégorie de ceux qui étaient capables de lire les événements de la vie individuelle et collective au-delà des limites temporelles et spatiales. Aujourd'hui encore, ils sont aussi importants que les " Hougans ou Mambos 10 " en Haïti. A une période imprécise, les tribus et les royaumes africains étant constamment en guerre, l'harmonie originelle n'étant plus respectée et les principes sacrés bien trop souvent oubliés et violés, les devins prédirent alors l'intrusion prochaine de l'étranger et la décadence inévitable des royaumes en question.
En prévision des éventuels bouleversements sociaux, la tradition imposait à tous les dignitaires et chefs de tribu de conserver et de transmettre des coutumes ancestrales aux générations présentes et à venir. Ainsi, les "loas" recommandèrent aux rois d'initier tous les adolescents en vue d'éviter toute déperdition de l'héritage sacré. Mais ces derniers ainsi que leurs sujets furent interceptés, faits prisonniers et réduits en esclavage par les premiers envahisseurs pour se retrouver en Haïti, et ailleurs dans le nouveau monde, comme esclaves sous la domination des étrangers qui leurs imposaient leur propre culture.
Malgré tout et au delà des péripéties, la recommandation des " loas" fut respectée sans aucune restriction. Car, tout assagissement impliquerait forcement l'abandon de sa propre culture. Tel n'a pas été le cas des esclaves de Saint-Domingue qui avaient juré aux "loas" de perpétuer la tradition ancestrale au delà des frontières et des océans. C'est ce qui a permis la présence de la religion vaudou au sein de la société haïtienne.
La pratique de cette religion par une certaine catégorie sociale de la société lui confère un statut de paria, une religion subalterne par rapport à la religion catholique et ses dérivés. Aussi bien, cette religion nous est présentée comme une religion persécutée comme ses adeptes, les vodouisants, qui se font exploiter par les nantis de toutes les couleurs et appartenances sociales.
Ainsi, quand on veut déposséder le paysan de ses terres ou de ses forces physiques, on s'en prend non seulement à ses dieux mais aussi à son âme. C'est bien ce que nous montrent les romanciers dans l'évocation des multiples croisades religieuses menées dans la campagne haïtienne. Ces expéditions religieuses constituent le thème central des Arbres Musiciens de Jacques Stephen Alexis, de Bon Dieu Rit d'Edris Saint-Amant et de Gouverneurs de la Rosée de Jacques Roumain. Ainsi, nous disent les romanciers, si les paysans abandonnent leurs dieux païens, ils se trouveront sous d'autres servitudes.
De ce point de vue, deux personnages sont, entre tous, intéressants, ce sont Gonaïbo dans Les Arbres Musiciens, Prévilien dans Bon Dieu rit et enfin Manuel dans Gouverneurs de la Rosée, à travers desquels ce problème est abordé dans le cadre d'une vision marxiste matérialiste du terme. Ces trois personnages font figures de résistant. Résistance contre l'église catholique déchaînée contre la religion populaire, le vaudou.
2- Inquisition et résistance du vaudou.
Dès le début des Arbres Musiciens, nous voyons cette inquisition s'annoncer, la mise en place des dispositifs et le choix du personnel. Du point de vue idéologique, cette inquisition est confiée à Diogène Osmin, prêtre catholique d'origine paysanne et donc censé connaître les us et coutumes religieuses de ses compatriotes des campagnes, les paysans.
Cette scène nous est présentée sous son aspect nationalitaire et idéologique de la religion : une religion blanche, étrangère, antinationale est au prise avec une religion noire, africaine, indigène, autochtone. Les évêques blancs veulent détruire la religion africaine parce que, à leurs yeux, elle représente: " le diable, l'idolâtrie, la superstition, la barbarie, l'ignorance 11 ".
Alors, ce qu'il faut retenir surtout dans cet énoncé qui tend à diaboliser le vaudou, c'est que cette religion permet aux esclaves non seulement de résister contre l'aliénation culturelle, mais surtout d'assurer leur survie malgré la dure réalité de l'existence: " Car la religion était dans ce pays une force qu'il était bon de se concilier 12". Et les" hounforts 13 " représentent de terribles points de résistance paysanne 14 ".
Ainsi, toute domination impliquerait forcement la négation de l'autre par la destruction de son moi intrinsèque. En la circonstance, la religion sert de paravent derrière lequel se cache la véritable motivation des prêtres religieux. Une fois implantée, l'église, à travers ses prêtres, a la vocation d'évangéliser les esclaves afin de leur rendre plus docile à l'exploitation.
Si non, c'est la persécution qui peut aller jusqu'à l'extermination de toute une ethnie ou d'une race entière. Dans ce cadre là, ces prêtres, loin de s'apitoyer sur l'ignorance et la crédulité de leurs fidèles, la plupart d'entre eux, qu'ils soient Français ou Haïtiens, considèrent le vaudou comme une entreprise démoniaque contre laquelle ils ont le devoir de le combattre avec tous les moyens dont l'église catholique met à leur disposition.
Pour les romanciers et du point de vue de l'idéologie marxiste, la lutte des prêtres catholiques contre le vaudou est donc un conflit culturel dont l'objectif est plutôt matérialiste que spirituel. Si la religion catholique est ainsi employée à cette fin idéologique, c'est que, de l'autre coté, le vaudou apparaît comme un défenseur matériel, spirituel et culturel de la nation.
Car nous dit le narrateur dans Les Arbres Musiciens, il est : "l'âme du peuple, sa vraie foi et sa seule ressource 15 ". Il englobe par là toutes les sphères de la vie sociale: " La politique, la production, le commerce, l'industrie, l'enseignement, les sports, les rêves des hommes, tout était influencé par la religion populaire 16 ".
Le sanctuaire est vraiment le cœur des villages où il joue un rôle multiple. Il est à la fois : " dispensateur de pain, de lumière, d'espérance parmi les paysans 17". Par cette image englobante et totalitaire du vaudou que nous décrit le narrateur, le vaudou apparaît comme incontournable aux yeux de tous. Non seulement parce qu'il sert de lien entre les paysans dans leur lutte contre les forces étrangères, il se substitue aux tribunaux pour intervenir dans les affaires juridiques des homme.
Pour se venger d'un ennemi, pour clamer justice ou pour se faire justice, un personnage de Bon Dieu rit, Masillon, fait appel au pouvoir magique du vaudou: " Doscima, papa, je suis un protestant, c'est vrai ! dit-il. Je ne suis pas dans les "loas", je ne suis pas dans les superstitions. Mais il y a un méchant qui me persécute, Prévilien, Prévilien, le fils de compère Prévilus. Je ne suis venus auprès de vous que pour avoir ma vengeance 18 ". Ces " Hougans " et ces "Mambos" apparaissent dans l'univers vaudou comme des personnages puissants qui ont rapport direct avec les loas.
Des personnages qui sont à la tête de la grande famille vaudou à qui les vaudouisants doivent un respect absolu, à tel point, ils se font appeler " papa". De même si nous plaçons l'acte d'énonciation du personnage cité plus haut dans son contexte social et culturel, nous pouvons déduire par rapport au vaudou que le sacré et le profane se confondent dans l'action pour l'existence, contre toute assimilation forcée.
Ce point de vue est attesté à travers Gonaïbo qui, dans Les Arbres Musiciens, a jugé nécessaire de solliciter l'appuie du prêtre Bois-d'Orme, le grand prêtre vaudou, dans son action de résistant pour chasser l'ennemi commun et dans le but de protéger les temples vaudou contre la profanation des inquisiteurs. Voyons maintenant comment le vaudou a pu survivre et exister encore de nos jours et ce malgré son flux et reflux dans l'histoire sociale de ce pays. Alors se demande-t-on qu'est ce que le vaudou ?
3- Qu'est-ce que le vaudou ?
Le vaudou qui, pendant la période coloniale, était pratiqué clandestinement par les esclaves. Sorti de la clandestinité, le vaudou, croyance primitive, s'élève au milieu des ruines pour devenir la religion des noirs vengeurs de Saint-Domingue. Comment expliquer une évolution si radicale? Par le double fait que le culte africain, jamais anéanti par l'évangélisation, s'est fortifié à la source du catholicisme? Indubitablement, il fut un existant et un euphorisant. Les superstutions qu'il diffuse: " les balles c'est de l'eau ", confirme l'image diabolique et mystérieuse que lui confèrent les colons.
Lourd de charges mystérieuses, le vaudou, derrière lequel se cachent des assemblées secrètes rendant grâce aux forces primitives et des sorciers tantôt intercesseurs, tantôt empoisonneurs, qu'est-il véritablement? Dans l'esprit des colons des XVIIème et XVIIIème siècles, le vaudou désigne non seulement la croyance originaire du Bénin, qui s'ancre dans notre riche colonie à sucre et à café de Saint-Domingue, où les esclaves venant régulièrement du Golfe de Guinée la revivifient sans cesse, mais aussi toutes les convictions surnaturelles de l'Afrique et de ses fils.
Ce culte dispose d'officiants, de rites et de symboles; aussi, grâce à sa forte structure et à de grandes similitudes avec les cultes africains, rassemble-t-il secrètement le peuple servile noir de la plus riche colonie de la couronne de France, dans des chants, danses, libations, sacrifices et manifestations occultes ?
De nos jours, il submerge la terre qui a repris son nom indien, Haïti, coexistant avec la religion catholique, comme sous le régime colonial. Le vaudou, interprétation non rationnelle, projette une représentation magique de l'homme avec la nature, organise clandestinement la société des esclaves à l'apparence brisée et émietté, et fédère autour de lui la solidarité raciale et culturelle des déportés africains.
Les jésuites lutteront avec ferveur pour le succès de leur foi chrétienne, tandis que les autres religieux économiseront leurs efforts. Quant aux colons Français, souvent coupés de leur propre culture populaire, ils ont tendance à voir dans le vaudou l'origine de tous leurs malheurs - envoûtements, empoisonnements des gens et des bêtes - et à avoir la même représentation du monde que les adeptes vaudou.
La peur engendre une répression privée et publique, sans commune mesure avec les crimes probables, pendant que les sorciers mettent en place une structure de domination noire, parallèle à celle qu'ont instituée les Blancs. Quand les esclaves se soulèvent, de 1791 à 1804, date de l'indépendance d'Haïti, le vaudou et ses secrets initiatiques les escortent : le vaudou est une recréation, un ensemble de croyances et de rites d'origines africaines qui, étroitement mêlés à des pratiques catholiques, constituent la religion de la plus grande partie de la paysannerie haïtienne.
En effet quelque soit la véracité de notre définition, ce phénomène religieux gardera toujours ses zones d'ombre et ses mystères qui demande analyse et réflexion. C'est dans ce cadre là que nous avons choisi Gouverneurs de la Rosée, Les Arbres Musiciens et Bon Dieu Rit comme textes à analyser. Ce choix est motivé par la richesse de ces textes et leurs représentativités comme porteurs d'une signification sociale.
4- Ambiguïtés et contradictions sociales à travers le vaudou.
Prenons maintenant un des trois romans constituant notre corpus qui, malgré ses limites, va nous permettre d'avancer dans notre analyse du vaudou, car il le met en rapport avec les contradictions sociales, comme si le vaudou lui-même, à cause de sa place dans les rapports sociaux, montrait du droit les contradictions de notre société: Les Arbres Musiciens de Jacques S. Alexis.
Certes, ce roman est marqué au coin d'une idéologie qui déforme le réel . Précisément l'idéologie petite-bourgeoise qui le traverse se tient à la remorque des idéologies dominantes de la bourgeoisie. Ainsi, la description des cérémonies vaudou ou des actions maléfiques du bokor Danger Dossous rappelle la position du voyeur propre aux romans dits paysans.
De même, on peut opposer des refus aux limites étroites que l'auteur assigne à la paysannerie pauvre dans des perspectives révolutionnaires, mais, nous demandons, si ses idées ne reflètent-elles pas celles du mouvement socialiste international de l'époque? Ce qui nourrit par contre le roman, ce sont les contradictions des forces ou classes sociales en présence.
Les Arbres Musiciens mettent en valeur trois niveaux de contradictions sociales. Les deux aspects de chaque contradiction se retrouvent en lutte chez un acteur, plus souvent un petit-bourgeois. Et toutes ces contradictions tournent autour d'une seule question: qu'elle résistance le vaudou peut-il offrir à l'exploitation sociale?
Au cours de la campagne anti-superstitieuse, la lutte de classes s'expriment sous des formes religieuses comme une guerre entre le vaudou et l'église catholique. Les catholiques représentent les classes dominantes; ils essaient de briser le vaudou, image des classes dominées.
La guerre des religions se manifeste, dans le roman, sous forme de contradiction sociale qui oppose l'impérialisme américain dans sa pénétration des campagnes, l'espace des paysans pauvres. Alors les deux énoncés suivants: "la religion était dans ce pays une force qu'il était bon de se concilier 42 " et la politique de Lescot comme " le reflet fidèle de la politique des Etats-Unis 43 " montrent comment ce qui se joue au plan religieux est une image des contradictions de l'époque.
Les deux aspects de la contradiction s'affrontent aussi chez le prêtre haïtien Diogène Osmin. Fils du peuple d'un coté, traité de " cochon le plus mal gratté 44" par le narrateur, est incapable de se tenir en société, capable par contre de comprendre: " qu'il se sentait d'abord l'enfant d'une race, d'un peuple, d'une île. Sa race avait d'étrange domaine mystique dont il avait, combien de fois, constaté la puissance, les merveilles sauvages, les aberrations aussi, mais dont il connaissait également l'humanisme profond et le prodigieux de services en faveur la liberté 45".
D'un autre coté, sa position de prêtre, la formation reçue, l'ambition l'engagent dans la campagne contre le vaudou qu'il mène avec force et énergie. Pourquoi les Américains ont-ils besoin de combattre le vaudou avant de s'installer dans la plaine ? Ce que savait Diogène, l'évêque le déclare à l'ambassadeur: " Ces hounforts, ils représentent de véritables points de résistance paysanne, vous savez ? 46"
Le second niveau traverse le camp du peuple, le vaudou lui-même. Il oppose le vaudou comme religion au service du bien, symbolisé par le hougan Bois-d'Orme au vaudou de la main gauche, au service du mal, incarné par le sorcier, le bokor Danger Dossous. Cette contradiction fait du vaudou une religion de crainte et de confiance à la fois.
Ainsi les deux aspects de la contradiction s'affrontent chez Bois-d'Orme Létiro : " Depuis sa plus tendre enfance, il avait peur de ces loas tutélaires, paternels et tyranniques, rancuniers et fidèles47 ". Cette contradiction inhérente au vaudou va gêner la résistance paysanne.
D'un coté, les loas paternels et fidèles inspirent la confiance, l'assurance dans les forces de la solidarité paysanne; d'un autre coté, ces mêmes loas tyranniques et rancuniers ne peuvent soutenir la lutte, car la peur qu'ils inspirent alimente la division au sein du peuple.
Ainsi la résistance du vaudou ne va pas plus loin qu'une résistance passive. La main gauche du vaudou fait alliance avec l'ennemi : la société secrète des vlinbinding de Dossous compte bien semer la terreur. Elle rassemble autour de lui des chefs de section " les gros paysans assoiffés de terre, les envieux, les ratés, toute la racaille 48". C'est déjà en acte l'armée des tontons macoutes au service des intérêts impérialistes!
Donc la réunion des papaloas interprète les événements comme une punition des loas, une vengeance du ciel, à cause de la souillure du vaudou par la magie. Aussi décideront-ils non point d'attaquer, mais d'opposer une résistance passive: " déménager le sanctuaire et attendre les profanateurs dans un temple vide 49".
Le troisième niveau de contradictions voudrait se servir du vaudou pour une résistance active. Cette contradiction oppose Gonaïbo, l'enfant libre de la savane à Dossous, qui recule devant lui et Bois-d'Orme. Nous avons constaté aussi que la rencontre de Gonaïbo et de Bois-d'Orme est un dialogue de sourds du fait qu'il ne parle pas le même langage: " la surnature était l'ennemi de la vie libre 50".
Les deux aspects de la contradiction s'affrontent chez le petit-bourgeois Charles Osmin. D'un coté, libre devant la société, capable de critiquer Bois-d'Orme comme le fait Gonaïbo. De l'autre, il prêche à ce dernier l'exorde vers la ville. Nous ne sommes pas surpris qu'à la fin du roman que Charles intègre le camp de la bourgeoisie sous l'influence de son frère, le lieutenant Edgar Osmin.
De même, l'alliance tactique de Gonaïbo et de Bois-d'Orme n'aura servi qu'à sauver certains objets du culte vaudou. Ainsi, le vaudou n'est pas seulement le nerf de l'idéologie " féodale", celle des grands planteurs et de l'impérialisme étranger, qui opère ses ravages au pays. Au contraire il traverse tout le corps social de la société.
Conclusion .
Le vaudou, signe pluriel de la société, nous permet de constater qu'il n'y a pas qu'un seul vaudou. Assurément il y a un vaudou qui sert les intérêts des classes dominantes et participe aux forces d'exploitation. Vaudou des grands dons ou paysans riches de la campagne, vaudou des propriétaires fonciers absentéistes. Vaudou de l'idéologie dite "féodale".
La place du vaudou dans la société haïtienne révèle les contradictions de classes sociales. En particulier le vaudou enjambe le corps de la petite-bourgeoise où les contradictions génèrent une lutte interne sauvage. Aussi, faire du vaudou une force de changement dans la société, c'est là une idée d'intellectuels qui raisonnent comme si la situation d'aujourd'hui et celle des guerres d'indépendance étaient semblables.
En 1804 et en 1915, le vaudou se retranche dans le camp du peuple face à l'étranger sur place; aujourd'hui, il traverse toutes les classes de la société. Le roman est trop lié au réel pour soutenir de telles idées. Cependant le vaudou des paysans pauvres et ouvriers existe. Base, origine et source de tous les autres. Voix de l'idéologie dominée.
EXTRAIT DE MES TRAVAUX DE RECHERCHE EN LITTÉRATURE COMPARÉE, LETTRES MODERNES, Université Paris 8, 2003.
UMPP: Une grande vision pour le changement en Haïti.
Nous sommes un parti d’avant-garde résolument progressiste et profondément attaché aux valeurs démocratiques. Nous sommes très attentifs aux mutations profondes que connait notre pays. Notre ambition est de contribuer avec toutes les forces de résistance démocratique à structurer le combat de la classe politique en y apportant davantage de dynamisme et de rigueur, dans le respect total des exigences de probité, des valeurs morales et en y intégrant tous les aspects relatifs à la modernité.
Notre credo est l’organisation, encore et toujours de l’organisation. Nous participons à la structuration de ce parti parce que nous aimons ce pays ; nous voulons et nous pouvons être utiles à nos compatriotes. C’est donc pour notre pays, pour notre Famille et pour Haïti que nous voulons construire ce parti. Nous sommes le parti de l’Union, de la Paix et du Changement. Si le pays nous fait confiance, ensemble, dans la paix retrouvée et dans une foi inébranlable en notre Nation, nous ferons de chaque Haïtien, de chaque Haïtienne, de tous les Haïtiens, des Hommes et des Femmes heureux et prospères dans une Haïti vraiment à la hauteur de son histoire.
Jean Audan CATEL, SG de l'UMPP
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