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Le défi est de taille, venez le relever avec nous!

Nous sommes un parti d’avant-garde résolument progressiste et profondément attaché aux valeurs démocratiques. Nous sommes très attentifs aux mutations profondes que connait notre pays. Notre ambition est de contribuer avec toutes les forces de résistance démocratique à structurer le combat de la classe politique en y apportant davantage de dynamisme et de rigueur, dans le respect total des exigences de probité, des valeurs morales et en y intégrant tous les aspects relatifs à la modernité.

Notre credo est l’organisation, encore et toujours de l’organisation. Nous participons à la structuration de ce parti parce que nous aimons ce pays ; nous voulons et nous pouvons être utiles à nos compatriotes. C’est donc pour notre pays, pour notre Famille et pour Haïti que nous voulons construire ce parti. Nous sommes le parti de l’Union, de la Paix et du Changement. Si le pays nous fait confiance, ensemble, dans la paix retrouvée et dans une foi inébranlable en notre Nation, nous ferons de chaque Haïtien, de chaque Haïtienne, de tous les Haïtiens, des Hommes et des Femmes heureux et prospères dans une Haïti vraiment à la hauteur de son histoire.




Et si les Haïtiens décident de reconstruire Haïti
!

CATEL Jean Audan est né le 24 avril 1961. Père de quatre enfants, dont trois garçons et une fille. Il a exercé le journalisme, puis des Etudes de médecine à la (UASD) Université autonome de Santo-Domingo, République Dominicaine qu’il a abandonnée pour se rendre à Paris. De là étant, après avoir bouclé avec mention son deuxième cycle universitaire, il rédige actuellement une thèse pour l’obtention du titre de docteur es lettres et sciences humaines à l’Université de Cergy Pontoise. Il est professeur de lettres, d’histoire et de géographie en lycée professionnel à Paris.

Un Sens et une Vision : deux éléments clés dans la reconstruction d’un pays réconcilié avec lui-même.

En raison du grand banditisme généralisé par la flagrante dégradation du vivre ensemble dans la République fait qu’aujourd’hui notre société n’a plus de sens. C’est ce sens qu’il faut reconstruire qui explique la rédaction de ce livre. C’est là que l’ensemble des citoyens responsables et les politiques ont un rôle important à jouer. Les populations entières qui vivent dans la misère absolue, dans la peur permanente à cause de l’insécurité et d’autres formes de violences, attendent de ses représentants des réponses dans le domaine de la sécurité publique, de l’économie, de l’éducation, de la croissance démographique, de la santé publique, le respect du droit de la personne, le rétablissement de l’autorité de l’Etat par l’affermissement de nos institutions, le respect de l’environnement par le déclenchement d’une vaste campagne nationale de reboisement dénommée « konbit nasyonal pou plante pye bwa nan tout peyi-a ».

C’est une certaine manière de redonner espoir à nos concitoyens et de provoquer du coup un sursaut national pour jeter la base d’un développement durable dans le pays. Aussi bien, dans le temps, je me souviens avoir monté à dos d’âne pour aller me baigner dans les « rigoles », parce que l’eau coulait à flot dans le pays. Maintenant, il ne reste plus rien de tout cela et la misère emporte les habitants par centaine de milliers dans la tombe. Dans chaque visage et dans chaque regard, on ne voit que de la désolation, la peur du lendemain qui est aussi la peur de se foudroyer par la faim à cause de la sécheresse.

Comment pourrai-je rester insensible aux cris du désespoir de toute une population qui m’a vu grandir, qui m’a vu faire mes premiers pas, balbutier mes premiers mots ? C’est cette population, parfois une sœur, une cousine, une tante, des proches parents, parfois un ami d’enfance, un condisciple de classe et le reste de la communauté que je vois mourir de toutes sortes de privations, parfois par manque de nourriture. Alors, je me demande pourquoi n’est-il pas bon d’essayer quelque chose pour donner du sens à l’existence par la mise en application de la vision que j’ai toujours eue et que j’ai encore pour le lieu de ma naissance et du pays dont je suis fier de porter la nationalité.

Je me demande aussi, à quoi sert d’avoir des diplômes et bourré de connaissances si on laisse son peuple sombrer dans la misère ? Je dis l’homme intelligent doit être au service des siens et de savoir ce pourquoi il est venu au monde. De ce fait, il doit incarner l’espoir là où il n’y a plus. De même après sa disparition, il faudra bien qu’on dise de lui qu’un homme utile était passé par là. Il doit être un accompagnateur, celui qui propose, qui mobilise la population dans l’action au profit d’une cause. C’est cet homme averti, l’enfant du pays, qui revient vers sa population pour se mettre à son service, pour servir et non pour être servi. C’est pour vous servir que je vous demande de partager avec moi les réflexions que voici et c’est aussi une certaine manière de prendre part aux combats pour une société de paix et plus juste.

Construisons la République pour que vive la nation!

CATEL Jean Audan

Pour une Haiti à la Hauteur de son histoire.

samedi 23 avril 2011

LETTRE DE JACQUES STEPHEN ALEXIS A FRANCOIS DUVALIER















LETTRE DE JACQUES STEPHEN ALEXIS A FRANCOIS DUVALIER

Pétion Ville, le 2 juin 1960



À son Excellence

Monsieur le Docteur François Duvalier

Président de la République

Palais National



Monsieur le Président,



Dans quelque pays civilisé qu’il me plairait de vivre, je crois pouvoir dire que je serais accueilli à bras ouverts : ce n’est un secret pour personne. Mais mes morts dorment dans cette terre ; ce sol est rouge du sang de générations d’hommes qui portent mon nom ; je descends par deux fois, en lignée directe, de l’homme qui fonda cette patrie, aussi j’ai décidé de vivre ici et peut-être d’y mourir. Sur ma promotion de vingt-deux médecins, dix-neuf vivent en terre étrangère. Moi, je reste, en dépit des offres qui m’ont été et me sont faites. Dans bien des pays bien plus agréables que celui-ci, dans bien des pays où je serais plus estimé et honoré que je ne le suis en Haïti, il me serait fait un pont d’or, si je consentais à y résider. Je reste néanmoins.

Ce n’est certainement pas par vaine forfanterie que je commence ma lettre ainsi, Monsieur le Président, mais je tiens à savoir si je suis ou non indésirable dans mon pays. Je n’ai jamais, Dieu merci, prêté attention aux petits inconvénients de la vie en Haïti, certaines filatures trop ostensibles, maintes tracasseries, si ce n’est les dérisoires avanies qui sont le fait des nouveaux messieurs de tous les pays sous-développés. Il est néanmoins naturel que je veuille être fixé sur l’essentiel.



Bref, Monsieur le Président, je viens au fait. Le 31 mai, soit avant-hier soir, au vu et au su de tout le monde, je déménageais de mon domicile de la ruelle Rivière, à Bourdon, pour aller m’installer à Pétion Ville. Quelle ne fut pas ma stupéfaction d’apprendre que le lendemain de mon départ, soit hier soir, mon ex-domicile avait été cerné par des policiers qui me réclamaient, à l’émoi du quartier. Je ne sache pas avoir des démêlés avec votre Police et de toutes façons, j’en ai tranquillement attendu les mandataires à mon nouveau domicile. Je les attends encore après avoir d’ailleurs vaqué en ville à mes occupations ordinaires, toute la matinée de ce jourd’hui 2 juin.

Si les faits se révélaient exacts, je suis assez au courant des classiques méthodes policières pour savoir que cela s’appelle une manœuvre d’intimidation. En effet, j’habite à Pétion Ville, à proximité du domicile de Monsieur le Préfet Chauvet. On sait donc vraisemblablement où me trouver, si besoin réel en était. Aussi si cette manœuvre d’intimidation, j’ai coutume d’appeler un chat un chat, n’était que le fait de la Police subalterne, il n’est pas inutile que vous soyez informé de certains de ces procédés. Il est enseigné à l’Université Svorolovak dans les cours de technique anti-policière, que quand les Polices des pays bourgeois sont surchargées ou inquiètes, elles frappent au hasard, alors qu’en période ordinaire, elles choisissent les objectifs de leurs coups. Peut-être dans cette affaire ce principe classique s’applique-t-il, mais Police inquiète ou non, débordée ou non, je dois chercher à comprendre l’objectif réel de cette manœuvre d’intimidation.

Je me suis d’abord demandé si l’on ne visait pas à me faire quitter le pays en créant autour de moi une atmosphère d’insécurité. Je ne me suis pas arrêté à cette interprétation, car peut-être sait-on que je ne suis pas jusqu’ici accessible à ce sentiment qui s’appelle la peur, ayant sans sourciller plusieurs fois regardé la mort en face. Je n’ai pas non plus retenu l’hypothèse que le mobile de la manœuvre policière en question est de me porter à me mettre à couvert. J’ai en effet également appris dans quelles conditions prendre le maquis est une entreprise rentable pour celui qui le décide ou pour ceux qui le portent à le faire. Il ne restait plus à retenir comme explication que l’intimidation projetée visant à m’amener moi-même à restreindre ma liberté de mouvement. Dans ce cas encore, ce serait mal me connaître.

Tout le monde sait que pour qu’une plante produise à plein rendement, il lui faut les sèves de son terroir natif. Un romancier qui respecte son art ne peut être un homme de nulle part, une véritable création ne peut non plus se concevoir en cabinet, mais en plongeant dans les tréfonds de la vie de son peuple. L’écrivain authentique ne peut se passer du contact journalier des gens aux mains dures – les seuls qui valent d’ailleurs la peine qu’on se donne – c’est de cet univers que procède le grand œuvre, univers sordide peut-être mais tant lumineux et tellement humain que lui seul permet de transcender les humanités ordinaires. Cette connaissance intime des pulasations de la vie quotidienne de notre peuple ne peut s’acquérir sans la plongée directe dans les couches profondes des masses. C’est là la leçon première de la vie et de l’œuvre de Frédéric Marcelin, de Hibbert, de Lhérisson ou de Roumain. Chez eux, les gens simples avaient accès à toute heure comme des amis, de même que ces vrais mainteneurs de l’haïtianité étaient chez eux dans les moindres locatis des quartiers de la plèbe. Mes nombreux amis de par le vaste monde ont beau s’inquiéter des conditions de travail qui me sont faites en Haïti, je ne peux renoncer à ce terroir.



Egalement, en tant que médecin de la douleur, je ne peux pas renoncer à la clientèle populaire, celle des faubourgs et des campagnes, la seule payante au fait, dans ce pays qu’abandonnent presque tous nos bons spécialistes. Enfin, en tant qu’homme et en tant que citoyen, il m’est indispensable de sentir la marche inexorable de la terrible maladie, cette mort lente, qui chaque jour conduit notre peuple au cimetière des nations comme les pachydermes blessés à la nécropole des éléphants. Je connais mon devoir envers la jeunesse de mon pays et envers notre peuple travailleur. Là non plus, je n’abdiquerai pas. Goering disait une fois quand on cite devant lui le mot culture, il tire son révolver ; nous savons où cela a conduit l’Allemagne et l’exode mémorable de la masse des hommes de culture du pays des Niebelungen. Mais nous sommes dans la deuxième moitié du XXème siècle qui sera quoiqu’on fasse le siècle du peuple roi. Je ne peux m’empêcher de rappeler cette parole fameuse du grand patriote qui s’appelle le Sultan Sidi Mohamer Ben Youssef, parole qui illumine les combats libérateurs de ce siècle des nationalités malheureuses. " Nous sommes les enfants de l’avenir !", disait-il de retour de son exil en relevant son pitoyable ennemi, le Pacha de Marrakech effondré à ses pieds. Je crois avoir prouvé que je suis un enfant de l’avenir.



La limitation de mes mouvements, de mes travaux, de mes occupations, de mes démarches ou de mes relations en ville ou à la campagne n’est pas pour moi une perspective acceptable. Je tenais à le dire. C’est ce qui vaut encore cette lettre. J’en ai pris mon parti, car la Police, si elle veut, peut très bien se rendre compte que la politique des candidats ne m’intéresse pas. La désolente et pitoyable vie politicienne qui maintient ce pays dans l’arriération et le conduit à la faillite depuis cent cinquante ans, n’est pas mon fait. J’en ai le plus profond dégoût, ainsi que je l’écrivais, il y a déjà près de trois ans.

D’aventure, si, comme en décembre dernier, la douane refuse de me livrer un colis – un appareil de projection d’art que m’envoyait l’Union des Ecrivais Chinois et qu’un des nouveaux messieurs a probablement accaparé pour son usage personnel -, j’en sourirai. Si je remarque le visage trop reconnaissable d’un ange gardien veillant à ma porte, j’en sourirai encore. Si un de ces nouveaux messieurs heurte ma voiture et que je doive l’en remercier, j’en sourirai derechef. Toutefois, Monsieur le Président, que je tiens à savoir si oui ou non on me refuse le droit de vivre dans mon pays, comme je l’entends. Je suis sûr qu’après cette lettre, j’aurai le moyen de m’en faire une idée. Dans ce cas, je prendrai beaucoup mieux les décisions qui s’imposent à moi à la fois en tant que créateur, que médecin, qu’homme et que citoyen.


Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations patriotiques et de mes sentiments distingués.


Jacques Stephen ALEXIS 

La mort des 19 officiers haïtiens, que comprendre? 
Quand, en 1967, Duvalier ordonna l'exécution de dix-neuf de ses plus proches officiers, il vivait dans la crainte paranoïaque d'un complot contre sa personne, d'une conjuration militaire ourdie de l'intérieur. Le Palais était alors divisé en deux clans hostiles, celui de Max Dominique et celui de Luc-Albert Foucard, les deux gendres du chef de l'Etat. Bel officier sachant jouer de son charme, Max Dominique se pavanait en affectant les airs avantageux du militaire sûr de soi qui, un jour ou l'autre, allait fatalement hériter du pouvoir que son beau-père, François Duvalier, promettait à la jeunesse. De son côté, sa nouvelle femme, Marie-Denise Duvalier, voulait à toute force remplacer Madame Francesca Saint-Victor au titre de secrétaire particulier du président.  Cette dernière, la sœur de Luc-Albert Foucard, n'entendait absolument pas renoncer à son poste sans combattre. A partir de ce moment, le Palais baigna dans une atmosphere d'intrigues, de lutes d'influence etd'affrontements personnels dont profita Radio Vonvon, la radio de l'opposition haïtienne de New York, pour intoxiquer les duvaliéristes de sa propagande insidieuse et introduire une véritable psychose de la conspiration dans l'entourage présidentiel. De ce duel politique, c'est Madame Saint-Victor qui remporta la première manche. Comme quelques bombes avaient fâcheusement fait explosion à Port au Prince, dont une au Casino International qu'exploitait à l'époque Max Dominique, Madame Saint-Victor parvint habilement à convaincre Duvalier que son beau-fils, le colonel Dominique, lequel voyageait beaucoup à travers le pays et semblat cultiver tout à coup des amitiés parmi les hauts gradés, fomentait un complot militaire. Duvalier n'en demanda pas plus pour considérer celui-ci comme le dernier des renégats. Lorsque Duvalier apprend au même moment que, selon toute apparence, sa fille Simone avait une aventure avec le major Harry Tassy, on peut dire que le destin de celui-ci était scellé. Homme de confiance de Duvalier, Harry Tassy était tenu au courant des secrets d'Etat, représentait le president aux ceremonies officielles et dirigeait sa police politique. C'est à peu près vers ce temps-là qu'un soir, le Palais fut brusquement plonge dans l'obscurité à cause d'une panne d'électricité. Duvalier courut se dissimuler derrière les épaisses tentures de son bureau, lorsqu'il vit passer Harry Tassy suivi de quelques autres officiers de sa garde, lesquels le cherchaient partout, fous de panique et l'arme au poing. Persuadé de la félonie de ses propres gardiens, le président déclencha la sirène d'alarme afin d'alerter sa milice tout en jurant de se défaire au plus tôt de ces traîtres assassins qui l'entouraient. Flairant la trahison partout, Duvalier éloigna du Palais les officiers qu'il soupçonnait de complot et, dans les semaines qui suivirent, fit refouler vers le Cap tous les simples soldats originaires du Nord. Duvalier prit alors plaisir à jouer au chat et à la souris avec les supposes officiers rebelles. Il leur dédicaçait de sa grande écriture ses "Oeuvres Essentielles" , ordonnait aux uns d'arrêter les autres et fit appréhender les derniers suspects au Palais National même, alors qu'ils montaient fidèlement la garde devant ses appartements privés. Le Colonel Charles Lemoine, qui ramenait fièrement à Port au Prince le capitaine Donald Manigat qu'il venait d'arrêter aux Cayes, reçut un tel choc lorsqu'il fut lui-meme menotté et conduit en prison, qu'il en perdit l'usage de la parole. Le cas le plus dramatique est sans doute celui du capitaine Serge Hilaire qui, après avoir tapé la liste des condamnés, commit l'imprudence d'avertir la femme du capitaine Joseph Laroche laquelle se rendit en catastrophe au Palais pour en savoir plus sur la liste secrète. Duvalier la rassura habilement et lui demanda qui l'avait informée de l'existence d'une telle liste. Le capitaine Hilaire, une fois dénoncé par ceux-là même qu'il voulait protéger, plus rien ni personne ne pouvait le soustraire à la vindicte présidentielle. Duvalier lui fit rajouter lui-même son nom à la fameuse liste, et demeura inflexible malgré l'intervention du père Luc Hilaire, frère du capitaine et aumônier du Palais. Le père Hilaire courut alors se réfugier à l'ambassade du Chili, imitant ainsi le très influent lieutenant-colonel Jean Tassy, lequel avait déjà gagné l'ambassade du Brésil, de même qu'une cinquantaine de politiciens et de personnes proches des inculpés. Le procès des militaires se déroula aux casernes Dessalines. Accusés de complot contre la sûreté interieure de l'Etat, de mutinerie et de tentative d'assassinat du président de la République, ils furent tous déchus de leur grade et condamnés à la peine capitale. Pour les transporter aux séances de la Cour martiale, Duvalier les faisait trimbaler en camion à traversPort-au-Prince les menottes aux poignets, les pieds nus et le crâne rasé « TET KALE ». Le 8 Juin 1967, le président convoqua ministres et hauts gradés et, vers 13 heures, se rendit au Fort-Dimanche en leur compagnie. Arrivé à destination, Duvalier, en uniforme de simple soldat, s'installa sur une chaise et disposa en face des officiers qu'il destinait à la fusillade les membres du haut Etat-major de l'armée avec, derrière eux, les soldats de la Garde présidentielle. Ensuite, s'alignaient les miliciens du Palais national et, enfin, pour former la dernière rangée, les miliciens de Fort-Dimanche commandés par la redoutable Madame Max Adolphe. Parmi les civils qui assistaient à l'exécution,, on remarquait Fritz Cinéas, Max Adolphe, Webert Guerrier, de même que les secretaries d'Etat René Charlmers, Edouard Berrouet, Adrien Raymond et les autres. Agissant comme maître de cérémonie, le colonel Gracia Jacques distribua des armes au genéral Gérard Constant, aux colonels Breton Claude, Claude Raymond, ainsi qu'à tous les autres membres du haut Etat-major qu'il posta chacun vis-à-vis du condamné qu'il devait exécuter. Le colonel JacquesLaroche fut ironiquement place devant le capitaine Joseph Laroche, le colonel Jean-Baptiste Hilaire devant le capitaine Serge Hilaire, tandis que Max Dominique se retrouva devant son cousin Harry Tassy à la demande insistante de celui-ci d'ailleurs. Pendant toute la durée de la macabre opération, Duvalier resta assis, imperturbable. Entouré de ses miliciens. Avant de faire attacher les condamnés au Poteau d'exécution, le président les fit défiler devant lui, l'un après l'autre, pour leur addresser ses dernières remontrances. A Donald Manigat, il déclara: "Levez les yeux au ciel, capitaine Manigat! adressait Duvalier avant de lui répondre: "Président! Vous savez que je ne vous ai pas trahi, je ne fais que payer pour mes fautes passées". Les condamnés une fois garrottés, un grand silence s'établit pendant lequel on attendit que Duvalier donnât l'ordre de tirer. Après qu'il eut commandé au peloton de mettre en joue les condamnés, le dictateur fit semblant de se raviser en lâchant mollement : "Autant". Un des condamnés, qui espérait obtenir la grâce présidentielle, s'écria alors: "Vive Duvalier!". "Trop tard!" répondit le président qui, à ce moment précis, ordonna de faire feu.Après l'exécution des condamnés, on les détacha du poteau. Le major Franck Romain sortit alors son revolver et courut donner le coup de grâce au premier qui lui tomba sous la main. Il fut brutalement interrompu dans la sinistre besogne qui lui était assignée par Duvalier lui-même qui, suffoquant de colère, lui cria: "Major Romain! Qui vous a donné l'ordre de faire ça? Garde-à-vous! Rompez!" Les cadavres furent alors ensevelis dans une tranchée creusée par un bulldozer. Pendant ce temps, Duvalier se levait et quittait les lieux suivi de ses dignitaires abasourdis d'épouvante et tremblant de frayeur. L'exécution des dix-neuf officiers fut rapportée par les grandes agences de presse internationales et terrorisa toutes les categories sociales au pays, en particulier les membres de la classe politique duvaliériste qui craignaient plus que tout d'encourir la disgrâce du chef, de tomber sous le coup de sa fureur démentielle, de sa vengeance inexorable. L'homme que Duvalier aurait aimé vraiment mettre à mort ce jour-là, le vingtième officier, c'est bien son propre beau-fils, Max Dominique, qu'il croyait à la tête d'une conspiration militaire visant à le renverser du pouvoir. S'il n'eût tenu qu'à lui, Duvalier l'aurait soumis aux plus atroces représailles avant de le faire fusiller avec les autres. Si Max Dominique fut épargné du massacre, ce fut grace à l'énergique intervention de Marie-Denise Duvalier, sa femme, qui alla jusqu'à menacer son père de mort pour sauver son mari. Elle ne peut cependant empêcher qu'au Cap, Alexandre Dominique, le père de Max, fût jeté en prison, ainsi que tous les proches parents et amis de ce dernier. C'est du reste bien à contrecœur que Duvalier accepta la fuite en exil de son gendre, qui, quelques jours plus tard, quittait la capitale sous la protection personnelle de sa femme, Marie-Denise Duvalier. Quinze jours après, le 22 juin 1967, le président fêtait devant ses partisans cette nouvelle victoire de la Révolution duvaliériste.A cette occasion, il procéda d'une voix glacée à l'appel des dix-neuf officiers exécutés. "Major Harry Tassy où êtes-vous? Venez auprès de votre bienfaiteur. Absent. Capitaine Donald Manigat, venez. Absent. Capitaine Probus Monestime. Absent. Lieutenant Mérizier Geffrard. Absent. Major Jose Borges. Absent. Lieutenant Josma Valentin. Absent. Lieutenant Venard Casimir. Absent. Adjudant André Desrosiers. Absent. Capitaine Joseph Laroche. Absent. Colonel Charles Lemoine. Absent. Major Pierre Thomas. Absent. Capitaine Serge Madiou. Absent. Lieutenant Marc Monestime. Absent. Lieutenant Franck Monestime. Absent. Lieutenant Alix Rémy. Absent. Capitaine Michel Obas. Absent. Capitaine Serge Hilaire. Absent. Lieutenant Grégoire Monestime. Absent. Adjudant Joseph Alcéna. Absent. Tous ont été passes par les armes". Duvalier n'oublia pas d'appeler le lieutenant-colonel Jean Tassy, le major Malherbe Eyma, le capitaine Léon Veillard, les lieutenants Joseph Laforest et Evans Guillaume, ainsi que le député du Cap, Pierre Giordani, qui ont pris la fuite après avoir bénéficié des faveurs de César. Ils ne sont plus des Haïtiens! proclame-t-il. Dès demain, la Cour martiale générale recevra l'ordre de travailler en vue de leur jugement conformément à la loi. Car les civilisés, c'est nous!" Grimaçant un rictus amer, Duvalier déclara enfin: "Je suis tel un bras d'acier frappant sans pitié… sans pitié… sans pitié. J'ai fait fusiller ces officiers dans le but de protéger la Révolution et ceux qui la servent. Je m'aligne en compagnie des grands meneurs de peuples tel Ataturk, Lénine, N'Krumah, Lumumba, Azikiwe, Mao-Tsé-Toung" . Bien des mois plus tard, Duvalier allait se rendre à l'évidence et comprendre enfin qu'il n'y avait jamais eu ni complot ni conspiration et qu'il avait inutilement sacrifié des officiers fidèles à sa cause. Duvalier avait été le jouet d'intrigues, de querelles personnelles et de tiraillements courtisans. Comme pour se repentir de son injustice et de sa cruauté, il fit revenir en Haïti sa fille Marie-Denise qui débarqua en toute quiétude avec son mari dans la capitale. Après quoi, Madame Saint-Victor tomba en défaveur et par un juste retour des choses, alla s'expatrier aux Etat-Unis. Marie-Denise accapara la place qu'elle laissait vide au Palais national et peu après Max Dominique fut nommé ambassadeur à Paris. Si Duvalier ne reconnut jamais publiquement son erreur, nous savons toutefois qu'il exprima son avis devant témoins. A quelque temps de là en effet, Duvalier recevait dans son bureau son indispensable conseiller politique Gérard de Catalogne, lequel était accompagné de son ami, l'avocat Henri Dugué. Au cours de la conversation à bâtons rompus entre les trois hommes, Duvalier aborda délibérément la question des dix-neuf loyaux officiers…" Dix-neuf loyaux officiers duvaliéristes dont la mort n'avait pas beaucoup fait pleurer la nation.

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