Jean-Jacques DESSALINES
dit Jean-Jacques DUCLOS
Jean-Jacques
Dessalines
Jacques Ier
Gouverneur Général à vie (1804)/Généralissime
Commandant de la 4ème demi-brigade dite la Saint-Michel
Texte d'Ertha Pascal Trouillot - Texte de Rulx Léon - Texte de François Roc
Texte d'Ertha Pascal Trouillot
Jean-Jacques Dessalines naquit à Cormiers, petite localité aux abords de la Grande-Rivière du Nord, sur la plantation «Vye Kay» reconnue encore aujourd'hui comme la propriété de ses grands-parents de Dessalines et qui fut également le berceau des Présidents "Philippe Guerrier", "Jean-Baptiste Riché", "Tirésias Antoine Simon-Sam", du poète "Jules Solime Milcent", du général "Séide Thélémaque", du général "Yayou" - une des gloire militaires haïtiennes-, de "Jean Price Mars" et enfin de "Jean-Baptiste Chavannes", le martyr des révolutionnaires. Un certain doute subsiste pourtant quant au lieu de naissance de Dessalines; d'aucuns prétendent qu'il aurait vu le jour en Afrique, à la Côte-de-l'Or (ancien nom du Ghana) ou peut-être dans l'Artibonite, dans la paroisse de Verrettes, sur la plantation Marchand.
Dans sa prime jeunesse, esclave d'un Blanc dans la plaine des Cahos, il fut d'abord l'élève du colon Henri Duclos, propriétaire d'une caféière, puis d'un Noir libre, Dessalines, qui lui donna son nom et lui apprit le métier de charpentier. En 1799, ce maître, réduit à la misère, dut se contenter de l'humble emploi de concierge au palais de l'agence du Cap. On rapporte que Dessalines, devenu empereur, en fit son grand maître d'hôtel.
Jean-Jacques Dessalines vécut une jeunesse profondément marquée par les contraintes physiques et morales de la plantation. « Ce fut un esclave rebelle, souvent marron. Son corps était couvert de cicatrices laissées par les verges de fer.» Il se révolta constamment contre l'inégalité qui régnait à Saint-Domingue et se révéla un vrai génie militaire. Bien que dépourvu de formation intellectuelle, c'était un homme de gros bon sens, à l'esprit cartésien.
Soldat aux côtés de Boukman et Biassou en 1791, puis de Toussaint en 1792 lors de la bataille de la Tannerie qui se déroula à l'entrée du Cap-Haïtien, il s'attacha au service de la France en 1794, à l'instar de Toussaint-Louverture. Il occupa ensuite le poste de chef de bataillon au Grand-Boucan puis, en 1795, celui de grenadier suite à la lutte livrée contre les Anglais à Mirebalais. Le 30 août 1800, sur l'autel de la patrie de Léogâne, dans le département de l'Ouest, le général Toussaint-Louverture, général en chef de Saint-Domingue, nomma Jean-Jacques Dessalines Général de Division.
Dessalines épousa à Saint-Domingue celle dont il devait faire un jour une impératrice : la belle Marie-Claire Heureuse Félicité Bonheur. Toussaint-Louverture, marié lui-même, encourageait ses lieutenants les plus proches, parmi lesquels Jean-Jacques Dessalines et Christophe, à s'engager dans les liens du mariage afin de fonder des familles stables à l'image de leurs anciens maîtres blancs quand ils vivaient chez eux, en France - en effet, à Saint-Domingue, les colons vivaient dans l'union libre ou plus exactement dans une polygamie effrénée. Le « Précurseur », comme on surnomma Dessalines, avait l'avenir en tête et désirait ardemment fonder une nation décolonisée et socialement organisée comme les plus grands pays du monde. | |
Toile de Guerdy Préval |
En octobre 1802, tandis que Bonaparte manifestait son intention de rétablir l'esclavage, Toussaint-Louverture tomba dans le piège monté par le général français Brunet; expédié en France, on le condamna à mourir de faim et de froid dans une cellule du fort de Joux. Le 19 janvier 1803, on proclama Dessalines Général en chef de l'armée des indigènes. Bravant l'action des cohortes napoléoniennes, il affronta toutes les difficultés. A partir de ce moment, il devint un point lumineux vers lequel convergèrent toutes les activités, toutes les revendications et les aspirations cardinales des nègres de Saint-Domingue. Il se révéla un être exceptionnel pour avoir éveillé une conscience collective.
Au lendemain même de la victoire des armées haïtiennes, à l'établissement de l'indépendance, Dessalines dessina les grandes lignes de la politique extérieure du nouvel État avec netteté et précision. Il posa en effet les bases de cette politique sur des normes intangibles de moralité, de dignité et de prestige qui frappèrent d'étonnement la Grande-Bretagne. « Je ne puis... », répondit-il le 6 frimaire an XII (28 novembre 1803), au commandant en chef des forces navales de Sa Majesté, le commodore Loring, qui l'enjoignait à lui envoyer des pilotes afin qu'il puisse pénétrer dans la rade du Cap et capturer les vaisseaux français. «Je présume, poursuivit Dessalines, que vous n'en avez pas besoin, car je forcerai ces bâtiments à sortir de la rade et vous agirez avec eux comme vous le jugerez convenable. » Lié par l'acte de capitulation dont le délai expirait six jours plus tard, il ne pouvait ni permettre la capture de ces navires ni faciliter pareille action sans violer les clauses du pacte; il repoussa donc les propositions du commodore anglais.
Le 29 novembre 1803, Jean-Jacques Dessalines passa en revue ses troupes victorieuses sur la place d'armes du Cap-Français, évacuée par le capitaine général Donation Rochambeau. La guerre d'indépendance connut une conclusion triomphale.
Le 1er janvier 1804, aux Gonaïves, la glorieuse armée proclama l'indépendance définitive de l'ancienne colonie de Saint-Domingue.
Le même jour, le général en chef fit donner lecture, par Boisrond-Tonnerre, de l'Acte d'Indépendance rédigé par de dernier :
Liberté ou la mort
Acte d'Indépendance
ARMÉE INDIGÈNE
Gonaïves, le 1er janvier 1804, an 1er de l'Indépendance
Aujourd'hui premier janvier, mil huit cent quatre, le Général en chef de l'armée indigène, accompagné des généraux, chefs de l'armée, convoqués à l'effet de prendre les mesures qui doivent tendre au bonheur du pays;
Après avoir fait connaître aux généraux assemblés, ses véritables intentions, d'assurer à jamais aux indigènes d'Haïti un gouvernement stable, objet de sa plus vive sollicitude; ce qu'il a fait par un discours qui tend à faire connaître aux puissances étrangères la résolution de rendre le pays indépendant, et de jouir d'une liberté consacrée par le sang du peuple de cette île; et après avoir recueilli les avis, a demandé que chacun des généraux assemblés prononçât le serment de renoncer à jamais à la France, de mourir plutôt que de vivre sous sa domination, et de combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance.
Les généraux, pénétrés de ces principes sacrés, après avoir donné d'une voix unanime leur adhésion au projet bien manifesté d'indépendance, ont tous juré à la postérité, à l'univers entier, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination.
Fait aux Gonaïves, le 1er janvier 1804, et le 1er jour de l'indépendance d'Haïti.
Signé : Dessalines, général en chef.
On publia et répandit dans toutes les villes, jusqu'aux bourgades les plus reculées, la proclamation de l'indépendance dont l'Acte portait en tout premier lieu la signature de Dessalines, général de chef, suivie de celles de Christophe, Pétion, Clerveaux, Geffrard, Vernet, Gabart, tous généraux, et de celles des généraux de grade inférieur dont B. Loret, Quéné, Carbonne, etc., officiers de l'armée.
Ainsi le général en chef Dessalines imposa l'indépendance d'Haïti à la France et à un monde hostile. C'était le plus grand événement du XIXè siècle, un acte jugé « pernicieux» par les nations esclavagistes puisque « le nègre, préconisant une "négrophobie" agressive, était fait pour être esclave. »
L'euphorie général se maintint à un niveau incroyable. D'un commun accord, la nouvelle nation, par la voix des officiers supérieurs de l'armée - Gabart, Paul Romain, J.-J. Herne, François Capois, Henry Christophe, N. Geffrard, E. Gérin, Vernet, Alexandre Pétion, Augustin Clervaux, J.-L. François, Laurent Férou, Yayou, Toussaint Brave, Magloire Ambroise, Louis Bazelais -, ivres d'admiration pour le généralissime nègre, le proclama « Gouverneur-général à vie » en jurant d'obéir aveuglément aux lois émanant de son autorité, en lui donnant le droit de faire la paix et la guerre à son gré et de choisir seul son successeur immédiat.
Même si l'indépendance était conquise, beaucoup d'anciens colons vivaient encore dans le nouvel État. Par un décret daté du 22 février 1804, Dessalines exigea l'arrestation de tous les individus ayant pris part aux massacres commandés par Leclerc et Rochambeau. Le 28 avril 1804, la réaction des anciens colons devant cette mesure prise pour assurer la sécurité du nouvel État étant violente, Dessalines ordonna le massacre des Français. Il en excepta toutefois les prêtres, les médecins, les pharmaciens, les ouvriers d'art, tous les Français capables d'aider et de pourvoir à l'éducation du peuple haïtien. « En fait tous des hors-la-loi simplement tolérés » pour leur savoir et leur utilité. Mais ils n"obtenaient aucune justice, et leurs assassins n'étaient pas inquiétés. (Histoire d'Haïti, frères de l'instructions chrétienne, J.C 1924)
«Par un décret du 28 avril 1804, Dessalines a institué une légion d'honneur composée de cinq mille homme et dans laquelle entreront de droit tous les officiers au-dessus du grade de chef de bataillon. Une partie de sa garde, jusqu'à concurrence de cinq mille hommes, aura la même distinction. Les membres de cette légion devront d'après la formule de leur serment jurer haine éternelle à Bonaparte et aux Français.» (Voir Le National, 1953, «La révolution de Saint-Domingue» et le journal Les Débats, document recueillis par Max Bissainthe)
L'indépendance conquise, Dessalines entendait établir un régime anti-féodal, sur une base d'égalité juridique, politique et sociale. Cette prise de position et l'attitude antinationale des anciens affranchis lui dictèrent ces paroles « Avant la prise d'armes contre Leclerc, les hommes de couleur, fils des Blancs ne recueilleraient point les successions de leurs pères, comme se fait-il que, depuis que nous avons chassé les colons, leur enfants réclament leur biens; les Noirs dont les pères sont en Afrique n'auront donc rien. Prenez garde à vous, nègres et mulâtres. Nous avons tous combattu contre les Blancs, les biens que nous avons conquis, en versant notre sans, appartiennent à nous tous. J'entends qu'ils soient partagés avec équité.»
Dans cet esprit, il fit voter la loi sur les enfants nés hors mariage, qui préconisait l'égalité entre tous les enfants, peu importe leur origine, leur donnant droit aux mêmes possibilités et aux mêmes prérogatives. Il fit encore voter toute une série de lois : celle du 15 février 1804 qui lui conférait le titre d'empereur ; celle du 25 octobre 1804, relative au recensement ; du 1er juin 1805, première loi sur le divorce; du 3 juin 1805, sur l'état civil des citoyens ; du 7 juin 1805, sur l'organisation des tribunaux ; du 1er septembre 1806, sur le testament; celles relatives à l'affermage des biens domaniaux, sur le commerce, l'exportation, etc.
Dessalines sut s'entourer d'hommes de valeur tels Juste Chanlatte, Boisrond Tonnerre, Dupuy, Diaquoi, Carbonne, Charéron, Laurent Bazelais, son chef d'état-major, et Mentor son aide de camp, Ferrier, Ogé et Papailler qui dirigeaient les bureaux des finances.
Les festivités entourant l'accession de Dessalines au rang d'Empereur mirent en branle les grands rouages de l'administration. Suivant le désir exprimé par Dessalines, les cérémonies de l'investiture se déroulèrent au Cap-Haïtien, capitale de l'ancienne Saint-Domingue. Aussi, les commandants d'arrondissements devaient-ils préparer de grandioses manifestations à caractère civil et religieux.
Dans son ouvrage En posant les jalons, Sténio Vincent rapporta que Dessalines troqua son titre de gouverneur général pour celui d'Empereur en septembre 1804 ; de nombreux affranchis se mirent alors en tête qu'une noblesse allait être créée. Ils se voyaient déjà princes, ducs, comtes, marquis, etc. Informé des prétentions des « grandes familles », le nouvel empereur répondit : « Je suis le seul noble en Haïti. »
Sous l'empire, le régime militaire fut maintenu, Dessalines n'ayant en somme qu'un souci : empêcher les Français de reprendre Haïti pour y rétablir l'esclavage. Tout son gouvernement s'organisa autour de cette préoccupation, devenue une véritable hantise. Jacques 1er établit sa capitale à l'intérieur du pays, plus précisément à Marchand (rebaptisée plus tard Dessalines). Il donna l'ordre à ses commandants de province d'élever des fortifications sur tous les points stratégiques du territoire. Pour la sécurité de l'État, il était nécessaire, pensait-il, que la mer serve de frontière à Haïti.
Un décret pris le 6 janvier 1805 par le général français Ferrand, qui se substituait au général Kerverseau - commandant de la partie est de l'île pour les Français -, ordonna de recourir contre les Haïtiens, de ne faire prisonniers que ceux des deux sexes qui n'auraient pas plus de quatorze ans, les garçons de plus de dix ans et les filles au-dessous de douze ans seraient vendus comme esclaves et exportés; les Haïtiens pris sur la frontière seraient esclaves, les autres devant nécessairement être massacrés. Dessalines, outragé par ces mesures, marcha sur Santo Domingo le 6 février 1805 et envahit la partie espagnole de l'île. Le 6 mars, ses troupes, victorieuses, se trouvaient aux portes de Santo Domingo, dont le siège commença. La ville serait tombée en son pouvoir si, le 27 mars, une escadre française n'était apparue avec des renforts. Craignant un débarquement sur les côtes d'Haïti en son absence, il s'empressa de lever le camp et d'évacuer la partie espagnole.
Le 20 mai 1805, Dessalines fit voter la première constitution haïtienne - si l'on excepte celle de Toussaint-Louverture en 1801. Cette Constitution, ratifiée par les généraux supérieurs, vint asseoir les bases juridiques de la nouvelle nation. Elle demeure l'expression des idées fondamentales de Dessalines, préconisant l'égalité de tous les Haïtiens et la justice sociale.
Cette Constitution, entre autres articles, énonçait que «la loi n'admet pas de religion dominante et que l'État ne pourvoit à l'entretien d'aucun culte ni d'aucun ministre. » L'article 12 de la Constitution annonçait que toute propriété qui « aura ci-devant appartenu à un Blanc français est incontestablement et de droit confisquée au profit de l'État.» Au collectivisme souple de Toussaint, Jacques 1er substitua le principe de la nationalisation radicale des terres qui appartenaient aux colons émigrés, soit les deux tiers des propriétés foncières de Saint-Domingue. Sa politique agraire axée sur l'expropriation fut l'une des causes de son assassinat sur le Pont Rouge.
Dessalines entra en relations commerciales avec l'Angleterre, la Jamaïque, les États-Unis, surtout en vue d'obtenir des armes et des munitions pour son armée. Le commerce avec ces pays se révéla assez florissant ; l'agriculture militarisée fournissait les produits d'échange. Le règlement des cultures se montrait plutôt sévère : défense formelle était faite aux cultivateurs de déserter la campagne pour la ville. D'après la Constitution , tout « citoyen devait posséder un art mécanique »; les citadins d'aller travailler la terre. La plaine de l'Artibonite se couvrit d'industries cotonnières ; partout les sucreries incendiées furent reconstruites.
En septembre 1805, on chargea le gouverneur Samuel Ogden, envoyé américain aux Gonaïves sur le Connecticut, d'offrir à Jacques 1er poudre, armes, draps, toiles et uniformes. Accompagnaient l'empereur à ce moment : Vernet, ministre des Finances, et Villet, ancien colon, administrateur des Finances, de l'adjudant général Laurent Bazelais.
Le 12 septembre 1805, Dessalines quitta Marchand et rentra à Port-au-Prince. « Jamais rapportait l'historien Saint-Victor Jean-Baptiste, son entourage ne l'avait vu sous de plus agréables influences. Il fit un accueil des plus chaleureux au général Pétion venu à sa rencontre. Le soir de son arrivée, suivant les instructions du commandant, la ville s'illumina et le peuple des faubourgs organisa partout des manifestations pour témoigner son amour et sa reconnaissance au fondateur de la patrie.» (Le fondateur devant l'Histoire, Saint-Victor Jean-Baptiste)
Les moyens drastiques employés par Dessalines avait gonflé les coffres du Trésor public. Mais Dessalines, qui n'était pas un administrateur, le laissait piller par les hauts fonctionnaires de son entourage. Tant qu'il ferma les yeux sur le désordre administratif dont profitaient quelques privilégiés, en dépit de la louable résistance d'un petit nombre d'administrateurs honnêtes et capables, on ne prêta pas grande attention à ses fautes. Mais quand il parla de mettre un terme aux opérations scandaleuses provoquées par le partage des propriétés coloniales confisquées par l'État d'Haïti, quand il menaça suivant sa propre expression de « rompre les os » aux voleurs et concussionnaires, des murmures de mécontentement s'élevèrent à l'arrière-plan.
Une révolte éclata à Port Salut en octobre 1806. L'empereur décida d'aller lui-même la réprimer. En chemin, Dessalines tomba dans un guet-apens tendu au Pont-Rouge par des furieux et des ambitieux désireux de s'accaparer l'héritage de l'indépendance. Il mourut dans les bras de Marcadieu Charlotin, son officier d'ordonnance, fidèle jusqu'à la mort. Une certaine Défilée La Folle déposa le corps outrageusement mutilé de Dessalines dans un sac qu'elle traîna jusqu'au cimetière intérieur Sainte-Anne afin de lui donner une sépulture décente. Un fou de nom de Dauphin la seconda dans ce geste louable et humain.
Gouverner, répète-t-on souvent, c'est prévoir. Le fondateur de la patrie haïtienne n'a pas manqué de prévoyance et d'avenir dans l'esprit. Témoin des scandales de l'époque coloniale où régnaient tous les vices, il tenait à tout prix à en préserver le nouvel État qui devait s'imposer par une ligne de conduite irréprochable. Son désir resta toutefois incompris. L'ordre qu'il souhaitait instaurer lésait trop d'intérêts, notamment ceux des hauts gradés de l'armée et des divisionnaires qui, à peine deux ans auparavant, l'avaient proclamé gouverneur général à vie, avant de faire figure de traîtres et d'assassins.
En dehors des actes de vaillance et d'héroïsme qu'il a posés, Dessalines demeure inoubliable dans l'esprit et le coeur des Haïtiens par ces paroles célèbres prononcées à la Crête-à-Pierrot, durant le long cheminement vers l'indépendance, afin d'attiser la flamme guerrière de la liberté chez les indigènes :
« Je ne veux garder avec moi que des braves. Que ceux qui veulent redevenir des esclaves Français sortent du fort.
« Que ceux au contraire qui veulent mourir en hommes libres se rangent autour de moi...
« Je vous fais tous sauter si les Français pénètrent dans ce fort.
« Après ce que viens de faire dans le Sud, si les citoyens ne se soulèvent pas, c'est qu'ils ne sont pas des hommes.
Un décret daté du 21 août 1843, émis en mémoire de Jean-Jacques Dessalines, accorda à sa veuve une pension de mille deux cents gourdes, payable par douzième, de mois en mois par la Caisse publique. (Signé : J. Imbert, Guerrier, N. Ségrettier, C. Hérard Aîné)
Une des filles adoptives de l'impératrice, Antoinette Dessalines, joua un rôle honorifique dans l'esprit de la société saint-marcoise. En effet, en 1904, le grand sculpteur haïtien Normil Ulysse Charles donna à sa ville natale un buste de Jacques 1er. Antoinette Dessalines, alors institutrice retraitée, dévoila avec émotion sur la place d'Armes de Saint-Marc le buste de l'illustre empereur. Elle suivit l'exemple de ses parents adoptifs et adopta elle-même plusieurs enfants, parmi lesquels Élida Frédérique, qui vécut longtemps dans le vieux palais du président Nissage Saget, là où le président Vincent fit bâtir la bibliothèque de la ville. Élida Frédérique apprit à lire aux petits enfants Saint-Marcois, poursuivant ainsi la belle tradition de dévouement léguée par Antoinette Dessalines. Pour perpétuer la mémoire d'Antoinette Dessalines, la ville de Saint-Marc donna son nom à une école de filles.
Un arrêté en date du 16 avril 1953 prescrivit une émission de timbres à l'effigie de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la patrie.
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