Comment rompre la pauvreté en Haïti !
(LND)
Jean Erich René
Ing. Agronome
erichrene@bell.net
Ottawa le 21 Juin 2011
La politique de couleur n'est pas rentable. « Le rapport de recherche est du domaine de l’écriture. Le style mathématique est le meilleur pour décrire un édifice logique inachevé mais le style littéraire est le seul capable d’expliquer les choix sur lesquels cet édifice est fondé ou de présenter une pensée en évolution dont la communication peut avoir un intérêt même si elle n’est pas finalisée. » (Michelle Volle « Le Métier de Statisticien » 1980, Paris Hachette p.226)
Le démarrage économique d’Haïti suppose le divorce avec un passé de misère, d’abstinence, d’ignorance, de mensonge, de préjugé et de honte, tout en conservant nos valeurs culturelles. Pour qu’Haïti connaisse une croissance positive, il faut briser coûte que coûte, nos structures stagnantes par des transformations considérables au niveau de l’appareil étatique. Le plus grand problème des pays sous-développés comme Haïti, c’est qu’ils se lancent têtes baissées dans le sillage des pays développés sans tenir compte des contraintes spécifiques au milieu. Les théories économiques diffusées par les Écoles de pensées occidentales ont été montées à partir d’échantillons caractéristiques de leurs sociétés et compte tenu de leurs problèmes spécifiques et de leurs dotations en facteurs de production. Nous n’avons pas connu le même parcours historique que l’Occident. Il est dangereux pour la Nation Haitienne que nos apprentis politiciens, sans aucune valeur marchande, agitent une lutte de classes sociales,basée sur la couleur de la peau, pour garder la bissectrice du pouvoir.
On utilise encore la houe en Haiti
Notre capital humain n’est certes pas homogène! D’où l’inadéquation et l'insuccès des plans de développement calqués sur l’Occident et parachutés chez nous. La typologie du développement d’Haïti pose un grand défi à nos gestionnaires. Il faut un éclair d’intelligence pour fusionner les connaissances théoriques à la topographie du milieu ambiant. L’équation du développement économique d’Haïti doit être posée en termes de variables et de contraintes propres à Haïti en synchronisation avec les modalités simultanées de l’évolution économique internationale. Nous ne pouvons pas vivre en autarcie. Cependant, les modèles globaux proposés par les théories économiques occidentales ne sauraient résoudre la problématique du sous-développement d’Haïti ni effacer le spectre grimaçant de la pauvreté. Le hasard n'a jamais été à l'origine du développement économique d'aucune nation au monde. Certes la colonisation par l'exploitation des forces de travail des esclaves a grandement contribué à la richesse des anciennes colonies, mais les autres pays du monde ont dû faire appel à une théorie économique appropriés à leur contingence sociale pour enclencher et maintenir le processus de leur développement. Haiti ne peut pas échapper à cette condition sine qua non. La solution de la misère de la masse n'a aucun rapport avec la couleur de la peau. Les mulâtres n'y sont pour rien. Croyez-moi ! Elle interpelle de préférence les théories scientifiques en cours dans d'autres pays qui viennent de franchir la barre du sous-développement.
La Nouvelle Donne (LND) l'a si bien compris que dans son tour d'horizon pour écarter Haiti des carcans de la misère, elle s'éloigne des critères colorimétriques invoqués par l'Ecole Les Griots pour s'accrocher à la Théorie économique de Jorgenson pour les pays en voie de développement. Alain Cotta dans son livre : « Analyse quantitative de la croissance des pays sous-développés » (PUF) , reconnaît que la croissance du Tiers-Monde nécessite un différentiel à deux vitesses. Ce dualisme s’explique par la persistance de l’économie traditionnelle axée sur l’agriculture et l’intégration industrielle pour répondre à la demande globale du marché international. L’offre globale de l’économie haïtienne doit satisfaire nos besoins fondamentaux et dégager certaines devises pour parer à nos importations.
Mission évangélique Baptiste du Sud d’Haïti (MEBSH) au village de Tiverny à 20 km des Cayes
Le PNB haïtien tourne essentiellement autour de la production agricole. Toute augmentation de la population, sans une augmentation subséquente de la production agricole nous jette dans la trappe malthusienne avec une baisse remarquable du taux de croissance du PNB. La liaison entre le taux de croissance de la population des pays sous-développés et le taux de croissance du PNB a été scientifiquement démontrée par Dale Wolff Jorgenson dans : « The development of a dual Economy » (The Economic Journal 1961, pages 309-335)
Membre fondateur du Conseil sur la science, la technologie et la politique économique du Conseil national de recherches en 1991, Dale Wolff Jorgenson fut le président du Conseil de 1998 à 2006. Il a également présidé la section 54, sciences économiques, de l'Académie Nationale des Sciences de 2000 à 2003 et la Société d'économétrie en 1987.
Dale Wolff Jorgenson
Havard University
En faisant appel à la fonction de production Kobb-Douglas, Jorgenson pose les contraintes relatives à l’évolution parallèle de la démographie et de la production en mettant en évidence l’effet ciseau dont sont victimes les populations des pays sous-développés. En s'inspirant des travaux de Jorgenson comme cadre de référence, La Nouvelle Donne (LND) tente théoriquement de relever le défi du sous-développement d’Haïti et rompre la pauvreté de la population haïtienne.
A la moindre averse nos rues sont inondées
Nous nous excusons d’avance auprès des non-matheux parce que, par esprit de précision, de concision et surtout de clarté, La Nouvelle Donne (LND) est obligée de faire appel de préférence à la rigueur du modèle mathématique pour identifier les variables et les contraintes liées à la pauvreté d'Haïti afin de poser et de résoudre le problème. Le Dr Jorgenson a fait référence à la Fonction Kobb and Douglass pour poser et résoudre l'équation des pays-sous développés. Actuellement Israël et le Sénégal s'en servent pour tirer leurs populations des ornières du sous-développement. Et elle fonctionne! Pourquoi pas Haiti ?
Rappellons que le PNB ou revenu per capita en Haïti est égal à $450. Le produit national brut haïtien ou PNB ou encore revenu global est une fonction de la quantité de terre cultivée, de la technologie utilisée et de l’effectif de sa population. La Nouvelle Donne (LND) va régresser ces 3 variables par rapport au revenu, dans la fonction de rendement constant à l'échelle de type Cobb Douglass :
Β 1- β eαt
Y= L P
où:
- Y est la variable dépendante et représente le PNB ou Produit National Brut ou encore Revenu Global
- L et P sont les variables indépendantes dont les rendements dépendent de la productivité du travail β et du niveau de progrès technique α (éducation) de nos compatriotes.
L= Terre ou espace cultivable
P= Population
β= productivité du travail
α= taux du progrès technique
e= facteurs imprévisibles ou bris blancs
t= temps
Posons l’équation de la production et faisons ressortir les goulots d’étranglement de la croissance économique d'Haïti tout en identifiant les causes de la persistance de sa pauvreté :
Β 1- β eαt
Y= L P (équation 1 )
Dale Wolff Jorgenson
Havard University
Président de l'Association Economique Américaine en 2000
Étant donné que l’espace en Haïti, chiffré à 1.170.000 has, n'est pas élastique, c'est à dire ne peut pas être augmenté, à moins d’un envahissement du territoire dominicain, nous pouvons considérer la variable L = Land (Terre) de la fonction Kobb-Douglas comme une constante. La superficie cultivable est une constante K dont la dérivée est nulle.
Pour les commodités de son analyse, La Nouvelle Donne (LND) écarte la productivité attachée à la terre en isolant la productivité liée à la population afin de mettre en évidence ceteris paribus l’importance de la démographie sur le PNB ou revenu global. Par conséquent l’équation 1 devient maintenant :
1- β eαt
Y= P (équation 2 )
Dale Wolff Jorgenson
Membre fondateur Conseil science, la
technologie et politique économique
Conseil national de recherches
1998-2006.
Pour calculer le revenu per capita haïtien dans le cadre de l’équation (2), il faut diviser le PNB ou revenu global Y(lisez grand Y) par l’effectif de la population P. Alors le revenu per capita y ( lisez petit y) est donné par:
1- β eαt
y = Y/P = P / P
-1
En math :1/P = P
par conséquent:
1- β eαt -1
y = P / P P
1 -1
P x P = P
par conséquent
- β eαt
y = P (équation 3)
Il nous faut maintenant calculer les possibilités de croissance de notre revenu per capita (y) tiré de l’agriculture. Par conséquent il nous faut calculer la dérivée de cette fonction c’est à dire les variations possibles de (y) pour une augmentation de la production. Puisque nous avons en face
de nous une fonction exponentielle nous devons prendre d'abord son logarithme :
log y = α - β log P
Maintenant calculons le différenciel de y
dy/y = α - β dP/P
d’où :
y’/y = (α - β ) P’/P (équation 4)
Pour faire varier le quotient y’/y correspondant à une augmentation P’/P de la population haïtienne chaque année, ou bien on augmente le dividende (α - β ) P’ ou bien on fait baisser le diviseur P. L’idéal serait de faire les deux à la fois.
Jorgenson, Wolff honored with
University's highest professorial posts
HARVARD GAZETTE ARCHIVES
Si α , le paquet technologique haïtien et β le taux de productivité n’ont pas bougé depuis 1804, ou encore ont subi des variations négligeables ou non significatives par rapport à la variation P’ de la population P, nous pouvons donc dire sans aucun risque de nous tromper que le taux de croissance de la production y’/y est en relation directe avec le taux de croissance de la population P’/P. En d’autres termes La Nouvelle Donne (LND) croit dur comme fer que:
- la problématique de la production haïtienne ceteris paribus est en butte à la vitesse du taux de croissance de la population qu’elle n’arrive pas à ratrapper à travers le temps.
- l’explosion démographique est responsable du rabougrissement de notre économie et pose le grand défi du sous-développement d’Haïti en resserrant de plus en plus l’étau de la misère.L’excès de notre population explique majoritairement notre pauvreté et l’origine de nos crises sociales.
Puisque le sous-développement d’Haiti est fortement imputable à une croissance exponentielle de sa population, soit 2,3 % selon le dernier recensement, analysons maintenant les moteurs de croissance de la population haïtienne.
Désignons par :
- Y le taux de natalité
- γY le taux maximum de naissance
- δ le taux de mortalité.
Dans ce cas, le taux de reproduction de la population haïtienne est représentée par:
- γy–δ. c'est à dire le nombre des nouveaux-nés soustraits du nombre des morts
Par conséquent la variation du taux de croissance de la population haïtienne est égale à :
P’/P = (γy –δ ) (équation 5)
Dans l’équation 4 remplaçons P’/P par sa nouvelle valeur dans l’équation 5,
on obtient :
y’/y = (α - β )(γy –δ )
Tirons y’ :
y’= y {(α - β )(γy –δ )}
ou encore :
2
y’ = (α + βδ)y - βγy (Équation 6)
On se trouve en présence d’une équation du second degré que nous résolvons
de la façon suivante :
2
Pour y’= 0 on a : (α + βδ)y - βγy = 0
on obtient deux racines y1 et y2
y1 = 0
y2 = α + βδ / βγ
Calculons la dérivée de l’équation y2
on obtient:
dy/y2 = y’2 = 0
Si la dérivée seconde est nulle c’est qu’on ne peut pas tirer un revenu individuel supplémentaire de la production agricole. L’agriculture haïtienne, l’essence même de l’économie nationale est stationnaire. D’où une économie haïtienne bloquée. Le secteur agricole haïtien compte tenu des
valeurs de y1 et de y2 ne pourra pas se développer dans les conditions ordinaires. Au dire de Jorgenson le PNB haïtien est tombé dans la trappe de stagnation.
Selon les Nations Unies, 60% de la population d'Haiti vivent sous le seui de la pauvreté
Par conséquent les conditions permissives de l’émergence du secteur industriel ne seront jamais atteintes sans l’aide externe. Nous sommes définitivement condamnés à l’industrie très volatile de la sous-traitance qui nous maintiendra toujours dépendants puisqu’elle ne dégagera aucun surplus propre à l’épargne et par conséquent propice à l’investissement visant à assurer notre croissance économique par le biais de l’industrialisation.
Industrie de la sous-traitance un pis-allerLa Zone franche de Ouanaminthe n'est pas sous les lois du territoire national
Que faire?
Dale Jorgenson, 68 ans, professeur d'économie
Université Harvard
Pour briser ce frein qui engonce la machine de production haïtienne selon le modèle dualiste qui caractérise l’économie des pays sous-développés, La Nouvelle Donne (LDN) en s'inspirant de la Théorie Scientifique de D.W. Jorgenson pose d’autres hypothèses:
Soit Y+ la croissance maximum du PNB pour une croissance maximum de la population haïtienne égale à ε , nous pouvons réécrire l’équation 5 :
P’/P= ε = γY+ –δ
Ou encore:
ε = γY+ – δ
En tirant Y+ on obtient :
Y + = ε + δ/ γ
Selon le modèle de Jorgenson le rapport Y2/Y+ définit clairement les conditions de croissance de la production agricole des pays du Tiers-Monde. En d’autres termes pour rompre avec la pauvreté en Haïti, il faut qu’il y ait développement agricole et par extension développement économique.
Y2/Y+ > 1 (Équation 7)
Si ce rapport est supérieur à 1 c’est que la production dépasse largement les besoins de consommation locale. Dans le cas contraire, c’est à dire Y2/Y+< 1 on tombe dans la trappe stationnaire.
Dans l’équation 7, en remplaçant respectivement Y2 et Y+ par leurs valeurs on obtient :
Y2/Y+ = α + βδ / βγ : ε + δ/ γ>1
Ou encore :
Y2/Y+ = α + βδ / βγ*γ/ε + δ>1
Puisque γ est présent à la fois au numérateur et au dénominateur par simplification on écrit :
Y2/Y+ = α + βδ / βε + βδ>1
Cette inéquation nous explique pourquoi l’agriculture haïtienne ne peut pas nourrir le peuple haïtien, pourquoi on est obligé d’importer de la nourriture, pourquoi l’économie haïtienne est bloquée. Selon les enquêtes menées par l’USAID sur la consommation en Haïti dans le cadre du programme PL 480 les besoins imputés de la population haïtienne en 2011 par rapport à sa taille, compte tenu des normes et des standards de la FAO et de l’OMS sont de 4.720.000 TM. Le niveau réel de la production agricole haïtienne est de 1.750.000 TM. Par conséquent on peut écrire :
Y2/Y+=1.750.000/4.720.000 = 0,37 < 1
Donc avec un rapport Y2/Y+ = 0,37 < 1, Haïti tombe à pic dans la trappe stationnaire de Jorgenson. Déjà, depuis 1988 l’État haïtien a dû importer 24,58% de la consommation alimentaire totale du pays. De jour en jour, la trappe s’agrandit davantage sans aucune lueur de solution . Au contraire en 2010 notre consommation alimentaire présente la composition suivante
- 52% importation
- 42% production nationale
- 6% dons alimentaires internationaux aux sinistrés
100%
Y2/Y+ = 0,37 < 1 entraîne α < βε
Un tel déséquilibre prouve que le progrès technique haitien est nettement inférieur au taux de croissance de la productivité capable de sous-tendre la croissance de la population. Pour une meilleure compréhension de la problématique économique haitienne actuelle,reproduisons textuellement de l'IHSI de 2005-2010.
Le signal est donc clair, le taux de croissance de la technologie haïtienne qui est de 0,093 est inférieur à son taux de productivité qui est 1 multiplié par le taux de croissance de sa population 2,3%. La technologie haitienne ne peut pas répondre aux besoins croissants de sa production per
capita y+ = 0,59 TM puisqu’elle ne donne que y2 = 0,21 TM per capita.
Professor Dale W. Jorgenson (Harvard University)
"Productivity Measurement within A New Architecture
for the U.S. National Accounts: Lessons for Asia"
Selon la Théorie de Jorgenson relative à l'économie des pays sous-développés, pour rompre la pauvreté d’Haïti il faut briser l’équilibre stationnaire. Théoriquement il faut que:
Y2 > 0,59 pour obtenir un rapport Y2/Y+ > 1.
Dans ce cas, 3 solutions sont envisageables :
1.-Planning familial
La solution la plus incontournable c’est le ralentissement du rythme de croissance de la population haïtienne par des programmes de planning familial et de contrôle des naissances. Certains Haïtiens s’enorgueillissent d’avoir 5,6, 10, 15, 20 et même 30 enfants. De quoi les nourrissent-ils?
Comment font-ils pour payer leurs frais de scolarisation? Il n’y a pas que nos dirigeants politiques qui soient responsables de la pauvreté du Peuple Haitien. Le Peuple est aussi coupable d’avoir mis au monde trop d’enfants.
Le taux de croissance de la population
haitienne est trop élevée: 2,3%
Il faut faire l'éducation sexuelle de la population haitienne en leur apprennant aux hommes à se servir de préservatif. Les pilutes anti-conceptionnelles doivent définitivement entrer dans les habitudes des femmes et des filles haitiennes.
Distribution de capotes aux hommes
Distribution de pilules contraceptives
Séance de motivation des femmes sur le plannnig familial
Comme la Chine on doit commencer par livrer des pénalités aux Chefs de famille trop prolifiques et éduquer nos jeunes en ce sens afin de réduire le taux de croissance de la population. C’est le chemin suivi par tous les pays développés comme le Canada, les USA où chaque famille a en moyenne 1,5 enfants. Pour répéter un Grand Maître Spirituel de la Rose-Croix : « A quoi sert-il de mettre des enfants au monde si c’est pour créer demain des adultes frustrés et malheureux.»
2.- Education
Pour entrer sur le marché de l'emploi on doit être initié au maniement des machines et aux techniques modernes de production. Pour que nos chômeurs deviennent des travailleurs il faut qu'ils reçoivent au préalable une formation adéquate dans un CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLe. Il revient à l'Etat dans son rôle macro-économique d'encourager la mise en place de telles structures éducationnelles en adéquation avec la demande du marché de l'emploi.
Centre de Formation Professionnelle
Marie Rose Durocher
Par le biais de l’éducation formelle et informelle il faut augmenter le niveau technique de la population haïtienne afin de mettre en usage une technologie plus appropriée pour l’augmentation de la production agricole. Nous sommes encore au stade de la machette, de la houe, de la serpette et du brûlis. Moreau de St Rémy a relevé la même technologie depuis plus de
deux siècles. La mécanisation agricole, les semences améliorées, la fertilisation de nos sols, l’irrigation, la lutte anti-parasitaire, les techniques d'ensilage, le crédit agricole ne sont pas à la portée de nos agriculteurs. Le génie génétique de nos jours qui n’a pas encore atteint le
sol haïtien affiche ailleurs de bonne performance tant sur le plan de la quantité que de la qualité. Il faut aussi former une main d’œuvre qualifiée, rôdée au maniement des machines industrielles afin de mieux répondre à la demande du marché du travail. Selon le dicument de Stratégie de Croissance Nationale et de Réduction de la Pauvreté DSNCRP:C
- Seulement 21,5 % de la population de 5 ans et plus aurait atteint le niveau secondaire
- à peine 1.1% le niveau universitaire dont 1.4 % pour les hommes contre 0.7 % pour les femmes.
- presque 1/3 des enfants entre 6 et 12 ans (500,000 enfants) ne fréquentent pas l’école
- près de 60% des enfants abandonnent l’école avant le certificat d’études primaires.
- la plupart des écoles ne disposent pas de locaux adéquats et sont sous-équipées.
- 5% des écoles sont abritées dans une église ou sous une tonnelle.
- 58 % ne disposent pas de toilettes et 23 % ne sont pas approvisionnées en eau,
- seulement 36 % des écoles disposent d’une bibliothèque.
- (80%) des travailleurs ne répondent pas aux critères des programmes de formation.
- A peine 6 sur 1000 travailleurs possèdent un diplôme technique ou professionnel.
3.- Une combinaison des deux
Le planning familial et l'éducation peuvent concourrir à la réduction de la pauvreté parallèlement par la décroissance du nombre de bouches à nourrir et d'autre part par l'augmentatin de la quantité de nourritures disponibles.
Elevage industriel de porcs
Elevage industriel de poulets
Production industrielle d'oeufs
Des semences améliorées pour augmenter la
production agricole.
Dans le cadre d’une économie à croissance endogène, le surplus agricole va libérer l’épargne nécessaire pour le décollage économique ou take off d’Haïti. On assistera au transfert des ouvriers agricoles dans le secteur industriel.
Paul Bairoch
L'application sans condition de la Théorie du libre échange est fallacieuse et pernicieuse pour l'économie des Pays du Tiers Monde comme Haiti. La diabolisation du protectionnisme compte tenu de la Théorie des coûts comparés fondée sur l'immobilité des facteurs de production est trompeuse.Chaque pays doit tenir compte de ses avantages comparatifs propres pour mettre sur pied sa politique économique. Ce dualisme qui caractérise le développement des pays du Tiers-Monde a été relevé par Paul Bairoch qui voit en l’agriculture à la fois la grande consommatrice et la pourvoyeuse de l’industrie. La Nouvelle Donne (LND) milite pour la mise en œuvre en Haiti d’une politique publique visant à fouetter la croissance économique et réduire, pourquoi pas, rompre définitivement la pauvreté en Haïti.
Je dis vrai pour aider
Non pour emmerder
Si vous êtes blessé
Moi, je n'ai rien cassé
Jean Erich René
Ottawa le 21 juin 2011
Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix 2009
ROME, Jeudi 11 décembre 2008 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral du message de Benoît XVI pour la prochaine Journée mondiale de la paix qui aura lieu le 1er janvier 2009. Le message a pour thème : Combattre la pauvreté, construire la paix. MESSAGE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
1er JANVIER 2009
COMBATTRE LA PAUVRETÉ, CONSTRUIRE LA PAIX
1. Au début de cette nouvelle année, je désire adresser à tous mes vœux de paix et, par ce Message, inviter chacun à réfléchir sur le thème: Combattre la pauvreté, construire la paix. Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de 1993, avait déjà souligné les répercussions négatives que la situation de pauvreté de populations entières finit par avoir sur la paix. De fait, la pauvreté figure souvent parmi les facteurs qui favorisent ou aggravent les conflits, y compris armés. À leur tour, ces derniers alimentent de tragiques situations de pauvreté. « Une autre menace réelle pour la paix se confirme dans le monde et devient de plus en plus grave - écrivait Jean-Paul II: - de nombreuses personnes et même des populations entières vivent aujourd'hui dans des conditions d'extrême pauvreté. L'inégalité entre riches et pauvres est devenue plus évidente, même dans les pays économiquement les plus développés. Il s'agit là d'un problème qui s'impose à la conscience de l'humanité, car la situation dans laquelle se trouvent nombre de personnes offense leur dignité foncière et, en conséquence, compromet le progrès authentique et harmonieux de la communauté mondiale ».[1] 2. Dans ce contexte, combattre la pauvreté implique donc une prise en considération attentive du phénomène complexe de la mondialisation. Cette prise en compte est importante déjà du point de vue méthodologique, parce qu'elle invite à utiliser le fruit des recherches menées par les économistes et les sociologues sur les divers aspects de la pauvreté. La référence à la mondialisation devrait, également, revêtir un sens spirituel et moral, car elle nous pousse à considérer les pauvres dans la perspective consciente que nous participons tous à un unique projet divin, celui de la vocation à construire une unique famille dans laquelle tous - individus, peuples et nations - règlent leurs comportements en les basant sur les principes de fraternité et de responsabilité.
Dans cette perspective, il est nécessaire d'avoir une vision ample et détaillée de la pauvreté. Si la pauvreté n'était que matérielle, les sciences sociales, qui nous aident à mesurer les phénomènes sur la base de données de caractère surtout quantitatif, seraient suffisantes pour en éclairer les caractéristiques principales. Nous savons cependant qu'il existe des pauvretés immatérielles, qui ne sont pas la conséquence directe et automatique de carences matérielles. Par exemple, dans les sociétés riches et avancées, se trouvent des phénomènes de marginalisation, de pauvreté relationnelle, morale et spirituelle: il s'agit de personnes intérieurement désorientées, qui connaissent diverses formes de malaise malgré le bien-être économique. Je pense, d'une part, à ce qu'on appelle le « sous-développement moral » [2] et, de l'autre, aux conséquences négatives du « surdéveloppement ».[3] Je n'oublie pas non plus que, dans les sociétés dites « pauvres », la croissance économique est souvent freinée par des obstacles culturels, qui ne permettent pas une utilisation correcte des ressources. Il demeure vrai, quoi qu'il en soit, que toute forme de pauvreté non choisie prend racine dans le manque de respect envers la dignité transcendante de la personne humaine. Quand l'homme n'est pas considéré dans l'intégralité de sa vocation et que les exigences d'une véritable « écologie humaine » [4] ne sont pas respectées, les dynamiques perverses de la pauvreté se déclenchent aussi, comme cela apparaît évident dans certains domaines que j'évoquerai brièvement. Pauvreté et implications morales
3. La pauvreté est souvent mise en relation, comme étant sa cause directe, avec la croissance démographique. En conséquence de quoi, sont mises en œuvre des campagnes de réduction des naissances, conduites au niveau international, recourant aussi à des méthodes qui ne respectent ni la dignité de la femme ni le droit des époux à choisir de manière responsable le nombre de leurs enfants [5] et souvent même, ce qui est plus grave, qui ne respectent pas le droit à la vie. L'élimination de millions d'enfants non-nés, au nom de la lutte contre la pauvreté, constitue en réalité la disparition des plus pauvres parmi les êtres humains. Face à cela, le fait est qu'en 1981, environ 40% de la population mondiale vivait au-dessous du seuil de pauvreté absolue, tandis qu'aujourd'hui ce pourcentage a diminué de moitié et que sont sorties de la pauvreté des populations que caractérise, entre autres, une forte augmentation démographique. Cette donnée met en évidence que les ressources existeraient pour résoudre le problème de la pauvreté, même en présence d'une croissance de la population. Il ne faut pas oublier que, depuis la fin de la seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours, la population sur la terre a augmenté de quatre milliards et que, dans une large mesure, ce phénomène concerne des pays qui ont récemment émergés sur la scène internationale comme de nouvelles puissances économiques et qui ont connu un développement rapide précisément grâce au nombre élevé de leurs habitants. En outre, parmi les Nations les plus développées, celles qui ont les taux de natalité les plus élevés jouissent des meilleures potentialités de développement. En d'autres termes, il apparaît que la population est une richesse et non un facteur de pauvreté. 4. Une autre source de préoccupation est constituée par les maladies pandémiques comme, par exemple, la malaria, la tuberculose et le sida, qui, dans la mesure où elles frappent les secteurs productifs de la population, influent grandement sur l'aggravation des conditions générales du pays. Les tentatives pour freiner les conséquences de ces maladies sur la population n'atteignent pas toujours des résultats significatifs. Il arrive, en outre, que les pays victimes de certaines de ces pandémies doivent subir, pour y faire face, le chantage de ceux qui conditionnent les aides économiques à la mise en œuvre de politiques contraires à la vie. Il est en particulier difficile de combattre le sida, qui est une cause dramatique de pauvreté, si les problématiques morales liées à la diffusion du virus ne sont pas affrontées. Il faut en premier lieu mettre en œuvre des campagnes qui éduquent, surtout les jeunes, à une sexualité qui soit conforme à la dignité de la personne; des initiatives réalisées en ce sens ont déjà obtenu des résultats significatifs, en faisant diminuer la diffusion du VIH. Il faut ensuite mettre à la disposition des peuples pauvres les médicaments et les soins nécessaires; ce qui suppose un engagement fort en faveur de la recherche médicale et des innovations thérapeutiques, ainsi qu'une application souple, quand cela s'avère nécessaire, des règles internationales qui régissent la propriété intellectuelle, afin de garantir à tous les soins sanitaires de base nécessaires.
5. Un troisième domaine, qui est l'objet d'attention dans les programmes de lutte contre la pauvreté et qui en manifeste la dimension morale intrinsèque, est la pauvreté des enfants. Quand la pauvreté frappe une famille, les enfants en sont les victimes les plus vulnérables: presque la moitié des personnes qui vivent dans la pauvreté absolue est aujourd'hui constituée par des enfants. Considérer la pauvreté en se mettant du côté des enfants conduit à retenir comme prioritaires les objectifs qui les intéressent plus directement comme, par exemple, l'attention aux mères de famille, le travail éducatif, l'accès aux vaccins, aux soins médicaux et à l'eau potable, la sauvegarde de l'environnement et, surtout, l'engagement pour la défense de la famille et pour la stabilité des relations en son sein. Quand la famille s'affaiblit, les préjudices retombent inévitablement sur les enfants. Là où la dignité de la femme et de la mère n'est pas protégée, ceux qui en subissent les conséquences, ce sont d'abord et toujours les enfants.
6. Un quatrième domaine qui, du point de vue moral, mérite une particulière attention est la relation qui existe entre le désarmement et le développement. Le niveau global actuel des dépenses militaires des États est préoccupant. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner, le fait est que « les immenses ressources matérielles et humaines engagées pour les dépenses militaires et pour les armements sont en réalité soustraites aux projets de développement des peuples, spécialement à ceux qui sont les plus pauvres et qui ont le plus besoin d'aide. Cela va à l'encontre de ce que la Charte des Nations-Unies elle-même affirme, quand elle engage la communauté internationale et les États en particulier, "à favoriser l'établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationale en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde" (art. 26) ».[6] Cet état de chose n'aide pas mais, au contraire, il constitue un obstacle sérieux à la poursuite des grands objectifs de développement de la communauté internationale. En outre, une croissance excessive des dépenses militaires risque d'accélérer une course aux armements qui provoque des poches de sous-développement et de désespoir, se transformant ainsi paradoxalement en facteurs d'instabilité, de tension et de conflit. Comme l'a sagement déclaré mon vénéré prédécesseur Paul VI, « Le développement est le nouveau nom de la paix ».[7] Les États sont donc appelés à réfléchir sérieusement sur les raisons les plus profondes des conflits, souvent allumés par l'injustice, et à y remédier par une autocritique courageuse. Si l'on parvient à une amélioration des relations, cela devrait permettre une réduction des dépenses d'armements. Les ressources économisées pourront être destinées à des projets de développement des personnes et des peuples plus pauvres et nécessiteux: l'engagement consenti en ce sens est un engagement pour la paix au sein de la famille humaine. 7. Un cinquième domaine relatif à la lutte contre la pauvreté matérielle concerne la crise alimentaire actuelle, qui compromet la satisfaction des besoins élémentaires. Cette crise n'est pas tant caractérisée par l'insuffisance de nourriture, mais davantage par les difficultés d'accès à celle-ci et par des mouvements spéculatifs et, donc, aussi par un déficit de coordination des institutions politiques et économiques en mesure de faire face aux nécessités et aux urgences. La malnutrition peut aussi entraîner de graves dommages psychophysiques aux populations, privant de nombreuses personnes des énergies nécessaires pour sortir, sans une aide particulière, de leur situation de pauvreté. La conséquence est que ces populations ne sont pas en mesure de sortir seules de leur sous-développement. Cela contribue à élargir la fourchette des inégalités, provoquant des réactions qui risquent de devenir violentes. Ces dernières années, les données sur l'évolution de la pauvreté relative indiquent toutes un accroissement de l'écart entre riches et pauvres. Les causes principales de ce phénomène sont sans doute, d'une part, le changement technologique, dont les bénéfices se concentrent dans la zone la plus élevée de la distribution du revenu et, d'autre part, la dynamique des prix des produits industriels, qui augmentent beaucoup plus rapidement que les prix des produits agricoles et des matières premières que possèdent les pays les plus pauvres. Il arrive ainsi que la majeure partie de la population des pays les plus pauvres souffre d'une double marginalisation: en termes de revenus plus bas et de prix plus élevés.
Lutte contre la pauvreté et solidarité globale
8. L'une des voies maîtresses pour construire la paix est une mondialisation ayant pour objectif les intérêts de la grande famille humaine.[8] Cependant pour gérer ainsi la mondialisation, il faut une forte solidarité globale [9] entre pays riches et pays pauvres, de même qu'au sein de chaque pays, même s'il est riche. Un « code éthique commun » [10] est nécessaire, dont les normes n'auraient pas seulement un caractère conventionnel, mais seraient enracinées dans la loi naturelle inscrite par le Créateur dans la conscience de tout être humain (cf. Rm 2, 14-15). Ne nous sentons-nous pas appelés, chacun, au fond de notre conscience, à apporter notre propre contribution au bien commun et à la paix sociale ? La mondialisation élimine certaines barrières, mais cela ne signifie pas qu'elle ne puisse pas en construire de nouvelles; elle rapproche les peuples, mais la proximité territoriale et temporelle ne crée pas, de soi, les conditions d'une véritable communion et d'une paix authentique. La marginalisation des pauvres de la planète ne peut trouver de remède valide dans la mondialisation que si chaque homme se sent personnellement blessé par les injustices existant dans le monde et par les violations des droits de l'homme qui y sont liées. L'Église, qui est « signe et instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain »,[11] continuera à offrir sa contribution afin que soient dépassées les injustices et les incompréhensions et qu'advienne un monde plus pacifique et plus solidaire. 9. Dans le domaine du commerce international et des transactions financières, des processus sont aujourd'hui en place qui permettent une intégration positive des économies, ce qui contribue à l'amélioration des conditions générales; mais il y a aussi des processus en sens inverse, qui suscitent des divisions entre les peuples et la marginalisation, créant ainsi de dangereux risques de guerres et de conflits. Dans les décennies qui ont suivi la seconde Guerre mondiale, le commerce international des biens et des services s'est accru de manière extrêmement rapide, avec un dynamisme qui n'avait jamais eu de précédents au cours de l'histoire. Une grande partie du commerce mondial concernait les pays d'industrialisation ancienne, auxquels se sont ajoutés de manière significative de nombreux pays émergents qui en sont devenus des acteurs importants. Mais d'autres pays, dont le revenu est bas, demeurent largement en marge des mouvements d'échanges commerciaux. Leur croissance s'est trouvée ralentie par la chute rapide, dans les dernières décennies, du cours des matières premières qui représentent la quasi totalité de leurs exportations. Dans ces pays, africains pour la plupart, la dépendance par rapport aux exportations des matières premières continue à représenter un puissant facteur de risque. Je voudrais ici renouveler un appel afin que tous les pays aient les mêmes possibilités d'accès au marché mondial, en évitant toute exclusion et toute marginalisation.
10. Une réflexion similaire peut être conduite à propos du domaine financier, qui concerne l'un des aspects premiers du phénomène de la mondialisation, grâce au développement de l'électronique et aux politiques de libéralisation des flux monétaires entre les différents pays. La fonction objectivement la plus importante de la finance, celle qui consiste à soutenir à long terme la possibilité d'investissements et donc de développement, se révèle aujourd'hui tout à fait fragile: elle subit les contrecoups négatifs d'un système d'échanges financiers - au niveau national et mondial - basé sur une logique du très court terme, qui a pour but l'accroissement de la valeur des activités financières et se concentre sur la gestion technique des diverses formes de risque. La récente crise démontre aussi comment l'activité financière est parfois guidée par des logiques purement auto-référencées et dépourvues de considération, à long terme, pour le bien commun. Le nivellement des objectifs des opérateurs financiers mondiaux à l'échelle du très court terme, diminue la capacité de la finance de jouer son rôle de pont entre le présent et l'avenir, pour soutenir la création de nouvelles possibilités de production et de travail sur une longue période. Une finance limitée au court terme et au très court terme devient dangereuse pour tous, même pour ceux qui réussissent à en tirer profit dans les périodes d'euphorie financière.[12] 11. Il ressort de tout cela que la lutte contre la pauvreté exige une coopération aussi bien sur le plan économique que sur le plan juridique qui permette à la communauté internationale et en particulier aux pays pauvres de trouver et de mettre en œuvre des solutions coordonnées pour affronter ces problèmes en donnant un cadre juridique efficace à l'activité économique. Elle requiert en outre des incitations pour créer des institutions efficaces et participatives, ainsi que des soutiens pour lutter contre la criminalité et promouvoir une culture de la légalité. On ne peut nier, par ailleurs, que les politiques fondées sur l'assistance sont à l'origine de nombreux échecs dans l'aide aux pays pauvres. Investir dans la formation des personnes et développer sur un mode inclusif une culture spécifique de l'initiative constitue actuellement, semble-t-il, la démarche appropriée à moyen et long terme. Si, pour se développer, les activités économiques ont besoin d'un contexte favorable, cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas accorder d'attention aux problèmes du revenu. Si l'on a fort à propos souligné que l'accroissement du revenu par tête ne peut pas constituer de manière absolue la fin de l'action politico-économique, on ne doit pas pour autant oublier que celui- ci représente un moyen important pour atteindre l'objectif de la lutte contre la faim et l'extrême pauvreté. À cet égard, doit être écartée comme une illusion l'idée selon laquelle une politique de pure redistribution des richesses existantes puisse résoudre le problème définitivement. Dans une économie moderne, en effet, la valeur de la richesse dépend dans une importante mesure de sa capacité de créer du revenu pour le présent et pour l'avenir. La création de valeurs devient donc une obligation incontournable, dont il faut tenir compte pour lutter de manière efficace et durable contre la pauvreté matérielle.
12. Mettre les pauvres à la première place suppose, enfin, que les acteurs du marché international construisent un espace où puisse se développer une juste logique économique, et que les acteurs institutionnels mettent en œuvre une juste logique politique ainsi qu'une correcte logique de participation capable de valoriser la société civile, locale et internationale. Les Organismes internationaux eux-mêmes reconnaissent de nos jours combien sont précieuses et profitables les initiatives économiques de la société civile ou des administrations locales pour permettre la sauvegarde et l'insertion dans la société des couches de population qui, souvent, sont au-dessous du seuil de l'extrême pauvreté et qui, en même temps, sont difficilement atteintes par les aides officielles. L'histoire du développement économique du XXe siècle montre que de bonnes politiques de développement relèvent de la responsabilité des hommes et de la création de synergies positives entre marchés, société civile et États. En particulier, la société civile a un rôle de premier plan dans tout processus de développement, parce que le développement est essentiellement un phénomène culturel et que la culture naît et se développe dans le domaine civil.[13] 13. Comme mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II l'a affirmé, la mondialisation « se présente avec un caractère très marqué d'ambivalence » [14] et elle doit donc être gérée avec une sage vigilance.[15] Cette forme de sagesse requiert que l'on tienne compte en premier lieu des besoins des pauvres de la terre, en mettant fin au scandale de la disproportion entre les problèmes de la pauvreté et les mesures prévues pour les affronter. Cette disproportion, si elle est d'ordre culturel et politique, est avant tout d'ordre spirituel et moral. Souvent, on s'arrête sur les causes superficielles et instrumentales de la pauvreté, sans aller jusqu'au cœur de l'homme où s'enracinent l'avidité et l'étroitesse de vues. Les problèmes du développement, des aides et de la coopération internationale sont parfois envisagés sans qu'il y ait un véritable engagement des personnes, mais simplement comme des questions techniques face auxquelles on se limite à la mise en place de structures, d'accords tarifaires et à la concession de financements anonymes. La lutte contre la pauvreté requiert au contraire des hommes et des femmes qui vivent en profondeur la fraternité et qui soient capables d'accompagner les personnes, les familles et les communautés sur les chemins d'un authentique développement humain. Conclusion
14. Dans l'encyclique Centisimus annus, Jean-Paul II mettait en garde à propos de la nécessité « d'abandonner la mentalité qui considère les pauvres - personnes et peuples - presque comme un fardeau, comme d'ennuyeux importuns qui prétendent consommer ce que d'autres ont produit. Les pauvres - écrivait-il - revendiquent le droit d'avoir leur part des biens matériels et de mettre à profit leur capacité de travail afin de créer un monde plus juste et plus prospère pour tous ».[16] Dans la réalité mondialisée actuelle, il apparaît avec toujours plus d'évidence que la paix ne se construit que si l'on assure à tous la possibilité d'une croissance raisonnable: tôt ou tard, en effet, tous doivent payer les conséquences des distorsions de systèmes injustes. Seule l'inconscience peut conduire à construire une maison dorée avec tout autour le désert et la désolation. La mondialisation, à elle seule, est incapable de construire la paix et, dans bien des cas, au contraire, elle crée des divisions et des conflits. Celle-ci révèle plutôt un besoin: celui d'être orientée vers un objectif de solidarité profonde qui veut le bien de chacun et de tous. Prise dans ce sens, la mondialisation doit être considérée comme une occasion propice pour réaliser quelque chose d'important dans la lutte contre la pauvreté et pour mettre à la disposition de la justice et de la paix des ressources qui semblaient jusqu'alors inimaginables. 15. Depuis toujours, la doctrine sociale de l'Église s'est préoccupée des pauvres. Au temps de l'encyclique Rerum novarum, il s'agissait principalement des ouvriers de la nouvelle société industrielle; dans le magistère social de Pie XI, de Pie XII, de Jean XXIII, de Paul VI et de Jean-Paul II, ont été mises en lumière de nouvelles pauvretés à mesure que l'horizon de la question sociale se faisait plus vaste, au point de prendre des dimensions mondiales.[17] Il faut considérer cet élargissement de la question sociale au niveau mondial non seulement comme une extension quantitative, mais aussi comme un approfondissement qualitatif concernant la vie de l'homme et les besoins de la famille humaine. Pour cette raison, l'Église, tandis qu'elle suit avec attention les phénomènes actuels de la mondialisation et leur influence sur les pauvretés humaines, montre les nouveaux aspects de la question sociale, non seulement dans leur extension, mais aussi dans leur profondeur, en ce sens qu'ils concernent l'identité de l'homme et sa relation à Dieu. Il s'agit de principes de doctrine sociale qui tendent à mettre en lumière les points de rencontre entre pauvreté et mondialisation et à orienter l'action vers la construction de la paix. Parmi ces principes, il est opportun de rappeler ici, de manière particulière, à la lumière du primat de la charité, l'« amour préférentiel pour les pauvres » [18] dont toute la tradition chrétienne témoigne depuis l'Église des origines (cf. Ac 4, 32-36; 1 Co 16, 1; 2 Co 8-9; Ga 2, 10). « Que chacun joue le rôle qui lui revient et qu'il ne tarde pas », écrivait en 1891 Léon XIII, en ajoutant: « Quant à l'Église, jamais elle n'abandonnera, en aucune manière, son œuvre ».[19] Cette conscience accompagne encore aujourd'hui l'action de l'Église envers les pauvres, en qui elle reconnaît le Christ,[20] et elle entend sans cesse résonner en son cœur le commandement du Prince de la paix à ses Apôtres: « Vos date illis manducare - donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13). Fidèle à cette invitation de son Seigneur, la Communauté chrétienne ne manquera jamais de donner à la famille humaine tout entière son soutien dans les élans de solidarité créative, non seulement pour donner le superflu mais surtout pour que changent « les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd'hui les sociétés ».[21] À chaque disciple du Christ, comme aussi à toute personne de bonne volonté, j'adresse donc en ce début d'année un chaleureux appel à élargir l'espace de son cœur vers les nécessités des pauvres et à faire tout ce qu'il est concrètement possible de faire pour leur venir en aide. Car demeure incontestablement vrai le principe selon lequel « combattre la pauvreté, c'est construire la paix ». Du Vatican, le 8 décembre 2008.
BENEDICTUS PP. XVI
[6] Benoît XVI, Lettre au Cardinal Renato Raffaele Martino à l'occasion du Séminaire international organisé par le Conseil pontifical Justice et Paix sur le thème: « Désarmement, développement et paix. Perspectives pour un désarmement intégral », 10 avril 2008: L'Osservatore Romano, 13.04.2008, p. 8. [9] Cf. Jean-Paul II, Discours à l'audience aux ACLI, 27 avril 2002, 4: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XXV, 1 [2002], 637. [10] Jean-Paul II, Discours à l'Assemblée Plénière de l'Académie Pontificale des Sciences sociales, 27 avril 2001, 4: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XXIV, 1 [2001], 802. [14] Discours aux Dirigeants de syndicats de travailleurs et de grandes entreprises, 2 mai 2000, 3: La Documentation catholique, 97 (2000), p. 456. [15] Cf. Discours à l'Assemblée plénière de l'Académie pontificale des Sciences, 11 novembre 2002, 2: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XXV, 2 [2002], 699.