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Le défi est de taille, venez le relever avec nous!

Nous sommes un parti d’avant-garde résolument progressiste et profondément attaché aux valeurs démocratiques. Nous sommes très attentifs aux mutations profondes que connait notre pays. Notre ambition est de contribuer avec toutes les forces de résistance démocratique à structurer le combat de la classe politique en y apportant davantage de dynamisme et de rigueur, dans le respect total des exigences de probité, des valeurs morales et en y intégrant tous les aspects relatifs à la modernité.

Notre credo est l’organisation, encore et toujours de l’organisation. Nous participons à la structuration de ce parti parce que nous aimons ce pays ; nous voulons et nous pouvons être utiles à nos compatriotes. C’est donc pour notre pays, pour notre Famille et pour Haïti que nous voulons construire ce parti. Nous sommes le parti de l’Union, de la Paix et du Changement. Si le pays nous fait confiance, ensemble, dans la paix retrouvée et dans une foi inébranlable en notre Nation, nous ferons de chaque Haïtien, de chaque Haïtienne, de tous les Haïtiens, des Hommes et des Femmes heureux et prospères dans une Haïti vraiment à la hauteur de son histoire.




Et si les Haïtiens décident de reconstruire Haïti
!

CATEL Jean Audan est né le 24 avril 1961. Père de quatre enfants, dont trois garçons et une fille. Il a exercé le journalisme, puis des Etudes de médecine à la (UASD) Université autonome de Santo-Domingo, République Dominicaine qu’il a abandonnée pour se rendre à Paris. De là étant, après avoir bouclé avec mention son deuxième cycle universitaire, il rédige actuellement une thèse pour l’obtention du titre de docteur es lettres et sciences humaines à l’Université de Cergy Pontoise. Il est professeur de lettres, d’histoire et de géographie en lycée professionnel à Paris.

Un Sens et une Vision : deux éléments clés dans la reconstruction d’un pays réconcilié avec lui-même.

En raison du grand banditisme généralisé par la flagrante dégradation du vivre ensemble dans la République fait qu’aujourd’hui notre société n’a plus de sens. C’est ce sens qu’il faut reconstruire qui explique la rédaction de ce livre. C’est là que l’ensemble des citoyens responsables et les politiques ont un rôle important à jouer. Les populations entières qui vivent dans la misère absolue, dans la peur permanente à cause de l’insécurité et d’autres formes de violences, attendent de ses représentants des réponses dans le domaine de la sécurité publique, de l’économie, de l’éducation, de la croissance démographique, de la santé publique, le respect du droit de la personne, le rétablissement de l’autorité de l’Etat par l’affermissement de nos institutions, le respect de l’environnement par le déclenchement d’une vaste campagne nationale de reboisement dénommée « konbit nasyonal pou plante pye bwa nan tout peyi-a ».

C’est une certaine manière de redonner espoir à nos concitoyens et de provoquer du coup un sursaut national pour jeter la base d’un développement durable dans le pays. Aussi bien, dans le temps, je me souviens avoir monté à dos d’âne pour aller me baigner dans les « rigoles », parce que l’eau coulait à flot dans le pays. Maintenant, il ne reste plus rien de tout cela et la misère emporte les habitants par centaine de milliers dans la tombe. Dans chaque visage et dans chaque regard, on ne voit que de la désolation, la peur du lendemain qui est aussi la peur de se foudroyer par la faim à cause de la sécheresse.

Comment pourrai-je rester insensible aux cris du désespoir de toute une population qui m’a vu grandir, qui m’a vu faire mes premiers pas, balbutier mes premiers mots ? C’est cette population, parfois une sœur, une cousine, une tante, des proches parents, parfois un ami d’enfance, un condisciple de classe et le reste de la communauté que je vois mourir de toutes sortes de privations, parfois par manque de nourriture. Alors, je me demande pourquoi n’est-il pas bon d’essayer quelque chose pour donner du sens à l’existence par la mise en application de la vision que j’ai toujours eue et que j’ai encore pour le lieu de ma naissance et du pays dont je suis fier de porter la nationalité.

Je me demande aussi, à quoi sert d’avoir des diplômes et bourré de connaissances si on laisse son peuple sombrer dans la misère ? Je dis l’homme intelligent doit être au service des siens et de savoir ce pourquoi il est venu au monde. De ce fait, il doit incarner l’espoir là où il n’y a plus. De même après sa disparition, il faudra bien qu’on dise de lui qu’un homme utile était passé par là. Il doit être un accompagnateur, celui qui propose, qui mobilise la population dans l’action au profit d’une cause. C’est cet homme averti, l’enfant du pays, qui revient vers sa population pour se mettre à son service, pour servir et non pour être servi. C’est pour vous servir que je vous demande de partager avec moi les réflexions que voici et c’est aussi une certaine manière de prendre part aux combats pour une société de paix et plus juste.

Construisons la République pour que vive la nation!

CATEL Jean Audan

Pour une Haiti à la Hauteur de son histoire.

vendredi 22 avril 2011

Mao Zedong
ou Mao Tsö-tong
ou Mao Tsé-toung

Mao Zedong
Mao Zedong
Homme d'État chinois (Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976).

Cet article fait partie du DOSSIER consacré à la guerre froide.

Introduction

Fils d'un paysan aisé, Mao Zedong doit se rebeller contre l'autorité paternelle pour continuer ses études. Il grandit dans une Chine humiliée d'avoir dû accorder aux puissances occidentales des concessions qui jouissent d'énormes avantages, les empereurs s'avérant incapables de faire respecter l'indépendance nationale du pays ni de moderniser celui-ci. Lorsque, en 1911, la révolution du Guomindang de Sun Yat-sen met fin à la monarchie et proclame la république, Mao est, comme de très nombreux jeunes gens de son âge, gagné par l'enthousiasme, et il s'engage durant six mois dans l'armée révolutionnaire. Il revient ensuite à Changsha, capitale du Hunan, poursuivre ses études primaires supérieures jusqu'en 1918. À l'école normale du Hunan (1913-1918), Mao organise de plus des cours du soir pour alphabétiser les travailleurs. Nourri de culture chinoise traditionnelle et de culture occidentale, Mao est un admirateur des grands empereurs chinois chefs de guerre. En 1917, dans la revue Nouvelle Jeunesse de Chen Duxiu, il publie son premier article, sur l'éducation physique nécessaire au peuple chinois pour se libérer de la tutelle impérialiste. La même année, le voici à la tête de la Société d'étude du nouveau peuple constituée dans le Hunan parmi les étudiants radicaux. À l'automne 1918, Mao devient aide-bibliothécaire à l'université de Pékin sous l'autorité du bibliothécaire en chef, Li Dazhao. Le jeune Mao subit l'influence de Chen et de Li, qui, après avoir dirigé le Mouvement du 4 mai, accueillent avec enthousiasme la révolution d'Octobre. C'est à Chen que Mao devra sa conversion au marxisme en 1920. La Chine, un moment unifiée par la république présidée par Yuan Shikai (1912-1916), est entrée depuis dans une longue période de confusion politique : dans les provinces, les généraux (seigneurs de la guerre) accèdent au pouvoir tandis que Sun Yat-sen prend en 1917 à Canton la tête d'un gouvernement républicain. Cette période d'affrontements internes et de morcellement politique durera en fait jusqu'en 1949. Mao, qui a participé au Mouvement du 4 mai à Changsha où il est revenu s'établir, fonde une section des Jeunesses socialistes. Il publie son premier article marxiste en novembre 1920. Il est alors directeur d'école primaire puis gérant d'une librairie. En juillet 1921, il est un des douze délégués qui créent à Shanghai le parti communiste chinois (P.C.C.), dont Chen devient le premier secrétaire général.

Du Ier Congrès du P.C.C. à 1927

Nommé responsable pour le Hunan du secrétariat au travail, Mao organise des syndicats ouvriers. Il approuve la politique d'alliance avec le Guomindang de Sun Yat-sen pratiquée par le P.C.C. sur les conseils de l'Internationale communiste. En 1923-1924, le voici responsable de l'organisation du P.C.C. mais aussi membre du bureau de Shanghai du Guomindang. Cette stratégie permet au P.C.C. d'élargir son influence. C'est dans son village natal du Hunan, témoin des fortes réactions populaires qui se produisent à la suite des incidents des 30 mai et 23 juin 1925 au cours desquels la police anglaise de Canton a tiré sur la foule, que Mao prend conscience du rôle révolutionnaire de la paysannerie. Il écrira en 1927 son Rapport sur l'enquête menée dans le Hunan à propos du mouvement paysan pour affirmer le rôle de la paysannerie dans la lutte révolutionnaire. La mort de Sun Yat-sen en mars 1925 divise le Guomindang. L'aile droite, avec Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), l'emporte et fait aussitôt la chasse aux éléments de gauche, et en particulier aux communistes (fusillades de Shanghai en avril 1927). Les communistes se replient alors dans les campagnes : Mao est chargé d'organiser le parti sur une base militaire dans son Hunan natal.

De 1927 à la Longue Marche

En septembre 1927, Mao conduit ses troupes dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En avril 1928, son armée reçoit le renfort de celle d'un autre dirigeant du P.C.C., Zhu De, puis, en novembre, de l'armée de Peng Dehuai. Jusqu'en 1934, le Jiangxi est administré par les communistes : c'est la République soviétique du Jiangxi, dont Mao est le président depuis novembre 1931. L'Armée rouge, fortement politisée, est formée selon la doctrine d'une action aux tâches extramilitaires multiples : propagande, organisation des masses et même production. Mao énonce les principes de la lutte de guérilla, tactique d'« encerclement des villes par les campagnes ».
   Grâce à l'appui que leur apportent les paysans, les communistes étendent leur influence à un point tel que, durant l'été 1930, la direction du P.C.C. dont le nouveau secrétaire général est Li Lisan, ordonne à l'armée du Jiangxi de sortir de ses bases et de lancer une offensive contre les grandes villes tenues par le Guomindang. C'est l'échec ; Mao propose le repli sur le Jiangxi tandis que Li Lisan est écarté. Mais le P.C.C. ne passe pas pour autant sous le contrôle de Mao mais sous celui de Wang Ming et des « vingt-huit bolcheviques » ainsi appelés par Mao parce qu'ils avaient pour la plupart étudié en U.R.S.S. Mao, critiqué pour ses conceptions militaires en faveur de la guérilla, doit s'incliner, son autorité à la tête de la République soviétique du Jiangxi devenant de plus en plus nominale. Désormais, l'armée communiste doit privilégier les batailles rangées et c'est de cette façon qu'elle repousse à quatre reprises, entre 1930 et 1934, les attaques que lance le Guomindang pour la détruire. Mais cette stratégie montre ses limites en 1934 lors de la cinquième offensive, à l'issue de laquelle l'armée communiste n'évite l'encerclement total que par une percée (octobre 1934) qui lui fait abandonner le Jiangxi. Ainsi commence la Longue Marche qui conduit au bout d'un an et 12 000 kilomètres, en octobre 1935, les 30 000 survivants dans le Shanxi. Là, l'armée du Jiangxi est grossie d'autres contingents communistes. Au cours de cette retraite, bientôt transformée en épopée, Mao a pu faire adopter ses méthodes militaires et a beaucoup gagné en autorité dans le parti. En janvier 1935, à Zunyi dans le Guizhou, au cours d'une réunion des chefs politiques et militaires, il fait condamner la politique de la direction du P.C.C. et devient le chef du parti.

De la Longue Marche à la victoire communiste (1949)

Mao Tsé-toung, octobre 1949
Mao Tsé-toung, octobre 1949
À partir d'octobre 1935, Mao installe sa capitale à Yan'an dans le Shaanxi. De là, il proclame que l'ennemi principal du P.C.C. est l'envahisseur japonais installé en Mandchourie depuis septembre 1931 et offre son alliance au Guomindang, qui finit par accepter en septembre 1937. À plus de 40 ans, Mao est maintenant un dirigeant éprouvé. C'est ce symbole vivant de la révolution, ayant perdu dans la lutte plusieurs membres de sa famille, que rencontre le journaliste américain Edgar Snow, dont les écrits vont faire connaître la révolution chinoise à l'étranger. Parallèlement, ses idées sur la « sinisation du marxisme » triomphent (campagne de rectification de 1942) dans le parti. En avril-juin 1945, le VIIe congrès du P.C.C. l'élit président du Comité central et proclame que le parti est désormais guidé par la « pensée de Mao Zedong ». Les mêmes méthodes qui ont assuré le succès de la Longue Marche et de la lutte contre les Japonais permettent au P.C.C. de l'emporter dans la guerre civile qui l'oppose de 1946 à 1949 au Guomindang, pourtant aidé par les Américains. Le P.C.C. de Mao réussit à incarner aux yeux des Chinois tout à la fois l'indépendance nationale, les espoirs de révolution sociale, l'honnêteté face à la corruption des nationalistes, la paix civile par une politique de large alliance avec les adversaires de Jiang Jieshi. En septembre 1949, dans Pékin conquise, Mao réunit une conférence politique consultative qui désigne un gouvernement de coalition sous sa présidence. La base théorique de la République populaire de Chine qu'il proclame le 1er octobre 1949 est son essai du mois de juin précédent (De la dictature démocratique populaire) qui intègre, aux côtés de la classe ouvrière et de la paysannerie, la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale, déniant aux « ennemis du peuple » tout droit de suffrage. Mao concentre entre ses mains trois présidences essentielles : celle du parti, celle de la République et celle du conseil militaire révolutionnaire. Pourtant, même si son autorité est exceptionnelle, même si sa pensée inspire la politique du parti, les autres dirigeants ne sont pas des comparses, et il reconnaît lui-même alors que le parti communiste de l'Union soviétique est « le meilleur professeur » du P.C.C. et que la nouvelle Chine appartient au « front anti-impérialiste » dirigé par l'U.R.S.S.

Le maoïsme

L'homme qui est maintenant à la tête d'un pays de 600 millions d'habitants a conservé les goûts simples d'un paysan, s'exprimant dans le dialecte du Hunan. Il vit en reclus dans ses diverses résidences de Pékin, Beidaihe, Wuhan, Hangzhou, lit beaucoup et voyage souvent dans le pays. S'il reçoit occasionnellement les dirigeants du parti et de l'État, dont Zhou Enlai, le Premier ministre, il communique en général avec eux par notes écrites. Ce comportement en fait un personnage à part, dont le prestige est immense, mais, l'éloignant de la pratique quotidienne du pouvoir, il contribuera à l'isoler. Dans tous les domaines, c'est lui qui donne le ton. Il s'agit d'abord, de 1949 à 1953, de reconstruire la Chine : reconstruction politique par l'élimination, y compris physique, des contre-révolutionnaires, par la reprise en main des intellectuels et par une plus grande discipline dans le parti ; reconstruction économique par la réforme agraire et par le développement de la production industrielle ; reconstruction sociale par un grand effort fait pour l'instruction et par la reconnaissance de l'égalité entre les hommes et les femmes ; reconstruction de la politique extérieure par le traité d'alliance et d'amitié signé avec l'U.R.S.S. en février 1950 et par l'aide en armes apportée aux communistes vietnamiens et en soldats aux communistes coréens. De 1953 à 1956, le développement économique se fait sur le modèle soviétique : adoption du premier plan quinquennal, collectivisation des terres par regroupement de plus en plus autoritaire dans des coopératives. En quelques années, la Chine accroît sa production dans des proportions importantes, bénéficiant d'une aide soviétique multiforme et grâce à la sécurité revenue dans le pays pour la première fois depuis des décennies. Ses réalisations sociales incontestables, l'aide apportée aux mouvements d'indépendance nationale en Asie en font un pays au prestige international retrouvé et symbolisé par sa participation à la conférence de Bandung (1955) malgré la perte de son siège à l'O.N.U. en 1951.
   L'année 1956 marque un tournant dans la vie de Mao comme dans le destin de la Chine populaire. En février, le XXe Congrès du parti communiste de l'Union soviétique condamne le culte de la personnalité de Staline. Craignant que cette attitude n'ouvre la voie à des attaques contre sa propre personne, qui est incontestablement alors l'objet d'un culte du même type, Mao désapprouve le rapport de Nikita Khrouchtchev. Mais le VIIIe Congrès du P.C.C., en septembre 1956, confirme les pires craintes de Mao. Le numéro deux du parti, Liu Shaoqi, et celui qui devient alors secrétaire général, Deng Xiaoping, attaquent le culte de la personnalité, font l'éloge de la direction collective, critiquent la précipitation en matière politique. Plus grave, le Congrès fait disparaître des textes du parti toute référence à la pensée de Mao. Certes, ce dernier conserve toutes ses fonctions, mais il est clair que le Congrès s'est fait contre lui. Toutes les initiatives politiques qu'il prendra de 1957 à 1966 seront autant d'efforts pour contrecarrer la ligne établie par le VIIIe Congrès en court-circuitant au besoin les instances dirigeantes du P.C.C. C'est donc tout à la fois en termes de lutte pour le pouvoir qu'il convient d'analyser les soubresauts que va connaître la Chine jusqu'à la mort de Mao et en termes d'idéologie (pour ou contre le maoïsme). Le maoïsme lui-même, par son empirisme et son opportunisme (rechercher la vérité dans les faits, comme le dit Mao dès 1941, peut conduire à la modification radicale d'une ligne, par exemple passer de la sacralisation du parti à son dénigrement pendant la Révolution culturelle) peut apparaître en partie comme une justification pseudo-théorique pour conserver ou reconquérir le pouvoir. Mao, sans hésiter à puiser dans la tradition taoïste et à citer Laozi, affirme que la Chine doit résoudre la contradiction « entre les lois objectives du développement économique de la société socialiste et la connaissance subjective » des communistes. C'est-à-dire qu'il considère comme inévitables les erreurs dans l'édification de la nouvelle société, tout en appelant à en tirer des enseignements. Le maoïsme est également une conception particulière du marxisme où la paysannerie se voit dotée d'un potentiel révolutionnaire supérieur à celui de la classe ouvrière, où l'armée a un rôle particulier à jouer en temps de paix, où la grandeur de la Chine est un objectif essentiel, où le moralisme et le volontarisme doivent permettre l'avènement d'une société égalitaire.

Le Grand Bond en avant

En février 1957, Mao reprend l'initiative par un discours attaquant la bureaucratie communiste et demandant aux intellectuels comme aux membres des partis alliés de critiquer le P.C.C. (« Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent ») [Cent fleurs]. Pour la première fois depuis 1949, Mao met en cause un parti dont il est le président. Après quelques hésitations, les critiques fusent de toute part contre le P.C.C. mais aussi contre Mao lui-même. Le mouvement (sorte de révolution culturelle avortée) est allé trop loin. Mao fait alors bloc avec le parti et prend la tête d'une campagne contre les « droitistes » : près d'un demi-million de personnes se retrouvent dans des camps de rééducation. En mai 1958, le moment est venu pour Mao de lancer le Grand Bond en avant. Il s'agit, en réalisant une mobilisation sans précédent des masses, d'accélérer la rupture avec les traditions réactionnaires de la Chine ancestrale et de rattraper économiquement la Grande-Bretagne en quinze ans. Tandis que le travail manuel est exalté, que des milliers de fonctionnaires du parti sont envoyés aux champs, de grands chantiers s'élèvent un peu partout, les hauts-fourneaux de poche se généralisent et des communes populaires sont créées. C'est dans ce contexte qu'apparaît en mai 1958 le concept de « révolution permanente » ou « révolution ininterrompue ». Même si c'est Liu Shaoqi qui a le premier utilisé l'expression, cette théorie est au cœur du maoïsme et connaîtra une grande fortune avec la Révolution culturelle.
   En juillet 1958, Mao reçoit Khrouchtchev, qui fait des réserves sur les communes populaires et prêche la modération vis-à-vis de Taïwan. Depuis des années, les Soviétiques apprécient peu que les Chinois mettent en avant l'exemplarité de leur révolution pour le tiers-monde et le caractère exceptionnel de la pensée de Mao. Un mois plus tard, affichant son indépendance, Mao inaugure les bombardements sur l'île taïwanaise de Quemoy. Cependant, dès la fin de 1958, le Grand Bond en avant apparaît comme un énorme gâchis : les récoltes pourrissent dans les champs ; pour fabriquer un acier inutilisable on a fondu des outils agricoles et des ustensiles ménagers dont on manque cruellement ; la disette se répand partout. S'il est difficile d'évaluer le coût humain du Grand Bond en avant, on parle aujourd'hui de millions de morts. C'est à ce moment que Mao démissionne de la présidence de la République ; retrait volontaire ou injonction du parti ? On ne sait. Il est remplacé en avril 1959 par Liu Shaoqi, dont les vues plus modérées sont connues, mais Mao obtient en août de la même année la destitution du chef de l'armée Peng Dehuai qui, avec d'autres, a critiqué l'irréalisme du Grand Bond en avant et qui, par ailleurs, est favorable à une collaboration militaire avec l'U.R.S.S. Or, c'est justement durant cette période que se distendent les liens entre la Chine et l'U.R.S.S. qui vient, en juin, de dénoncer l'accord sino-soviétique d'octobre 1957 prévoyant la fourniture des secrets de l'arme atomique à la Chine. La rupture intervient en 1960. Les nombreux incidents de frontière sino-soviétiques à partir de 1961 peuvent être interprétés en termes de diversion aux difficultés internes chinoises mais aussi d'une opposition de plus en plus radicale à l'hégémonie du P.C.U.S. sur le mouvement communiste et de l'U.R.S.S. sur le camp socialiste. Ce n'est qu'en janvier 1962, devant la croissance de l'opposition du parti, emmenée par Liu Shaoqi, que Mao reconnaît l'échec du Grand Bond en avant.

La Révolution culturelle

Affiche pour la révolution culturelle prolétarienne
Affiche pour la révolution culturelle prolétarienne
Pour réduire ses adversaires au sein du P.C.C., Mao multiplie entre 1962 et 1966 les initiatives qui préparent au grand affrontement avec le parti que sera la Révolution culturelle : en septembre 1962, il estime que la Chine est menacée par une restauration du capitalisme et par l'opposition des intellectuels ; à partir de 1963, sa quatrième épouse, Jiang Qing, commence à jouer un rôle dans la politique culturelle du parti dans le sens de l'intransigeance idéologique ; en mai 1964 paraît la première édition des citations du président Mao (Petit Livre rouge) dont Lin Biao se sert aussitôt pour développer dans l'armée le culte de Mao ; en 1965, Mao critique Liu Shaoqi et Deng Xiaoping ; le 17 mars 1966, devant le Bureau politique, Mao propose de déclencher contre les intellectuels une révolution culturelle ; en avril est constitué par le Bureau politique le petit groupe de la Révolution culturelle avec Jiang Qing, Chen Boda, Kang Sheng. Leur rôle est de traquer les éléments « bourgeois » dans le parti, l'armée, le gouvernement. Entreprise utopique qui projette d'éliminer les Quatre Vieilleries (vieilles idées, culture, coutumes et habitudes) et de « créer l'homme nouveau », la Révolution culturelle se veut une nouvelle phase de la lutte des classes : il s'agit d'éliminer tous ceux qui retardent « l'édification du socialisme ». Mao estime qu'on ne peut atteindre ce résultat que par une nouvelle révolution. Lui-même se retire alors à Hangzhou tandis que la Chine commence à connaître une agitation de plus en plus vive.
   Durant deux ans, de juin 1966 à juillet 1968, les manifestations d'étudiants et de lycéens se multiplient, accompagnées de multiples violences physiques, contre les hiérarchies de l'université et du parti. Dès le 6 août 1966, des millions de gardes rouges, étudiants en majorité, défilent à Pékin devant Mao qui justifie leur rébellion. Mais les résistances de la population et du parti sont si fortes que Mao lance un appel à l'armée pour soutenir les gardes rouges. Le parti est finalement brisé, mais, le chaos continuant, Mao décide en juillet 1968 de rétablir l'ordre en s'appuyant sur l'armée et sur les ouvriers des usines : sous couvert de régénération au contact des réalités, des millions de jeunes sont envoyés dans les campagnes. Lorsque le IXe Congrès du P.C.C. se réunit en avril 1969, la référence à la pensée de Mao, supprimée en 1956, est rétablie. Dans le nouveau Comité central dominent deux groupes distincts se réclamant également de Mao : celui de Jiang Qing et celui de Lin Biao. Ce dernier, désigné comme le successeur de Mao, paraît d'abord l'emporter. Il développe la militarisation de la société et un culte outrancier du « Grand Timonier » Mao. Pourtant, celui-ci désapprouve ces excès. Il semble que Lin Biao, sentant venir sa disgrâce, ait préparé un complot, mais il s'enfuit et, selon la thèse officielle, trouve la mort dans un accident d'avion en septembre 1971. Peu soucieux de laisser le champ libre à Jiang Qing, Mao rappelle bientôt les membres du parti écartés depuis 1966. À la faveur de la Révolution culturelle, interprétée par le régime et par ses partisans à l'étranger, malgré les nombreuses victimes qu'elle fit, comme un grand mouvement de pureté révolutionnaire opposé au dogmatisme, à la bureaucratie, à l'impérialisme américain comme à l'« hégémonisme » soviétique, le maoïsme ainsi entendu touche tous les continents, exalte la jeunesse de nombreux pays et influence le mouvement communiste mondial, suscitant ici et là des scissions au sein des P.C. sans pourtant supplanter globalement l'influence soviétique. Dans la pratique, cependant, Mao prend des positions surprenantes en politique étrangère : rapprochement avec les États-Unis (visite de Richard Nixon en février 1972), soutien au chah d'Iran, Mohammad Reza, et au général Pinochet (1975).

L'après-Mao

Les dernières années de Mao sont dominées par la maladie, aggravée par un genre de vie sédentaire et le refus de se faire soigner. Au Xe Congrès du P.C.C., en août 1973, autour de sa personne apparaissent deux groupes distincts : celui des jeunes radicaux dogmatistes avec Jiang Qing (la Bande des Quatre) et celui des vétérans empiristes du parti avec Zhou Enlai et Deng Xiaoping, revenu au premier plan. Mao apporte d'abord son soutien au groupe de Zhou, et Deng est promu vice-président du P.C.C. et premier des vice-Premiers ministres après Zhou. Puis, tandis que sa santé se détériore, Mao passe en 1975 sous l'influence de son neveu Mao Yuanxin, proche de Jiang Qing. Après la mort de Zhou Enlai, le 8 janvier 1976, les attributions de Deng lui sont retirées et Mao fait de Hua Guofeng à la fois le Premier ministre et le premier vice-président du P.C.C. La lutte couve entre le groupe de Hua et la Bande des Quatre lorsque, le 9 septembre 1976, Mao meurt. L'arrestation peu après de la Bande des Quatre, le retour de Deng en 1977 marquent la fin de la période inaugurée par Mao depuis 1958 et préparent l'ouverture future de la Chine à une économie de marché contrôlée. Deng Xiaoping engage, à partir de 1978, un processus de « démaoïsation ». Dans ce contexte nouveau, le rôle de Mao fait l'objet d'une réévaluation critique (en 1979, le Grand Bond en avant est qualifié de « Grand Bond en arrière »), mais le nom du fondateur de la République populaire demeure toujours une référence en Chine.

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